Après le retrait américain, les bases de Manbij aux mains des Syriens et des Russes

Alors que la coalition internationale antijihadiste emmenée par les États-Unis a confirmé mardi avoir quitté Manbij, les forces du président Bachar al-Assad ont pris le contrôle de cette ville stratégique du nord de la Syrie et des troupes russes patrouillaient dans la zone.

Manbij est situé en bordure de la « zone de sécurité » que le président turc Recep Tayyip Erdogan entend créer en territoire syrien, le long de la frontière, à la faveur de son offensive lancée le 9 octobre. Parmi les 2 000 soldats américains stationnés en Syrie à partir de 2016, plusieurs centaines d’entre eux l’étaient dans trois bases de la région de Manbij, qui ont également accueilli des troupes des forces spéciales américaines.

Plusieurs vidéos publiées mardi sur les réseaux sociaux par Oleg Blokhin, un reporter de guerre russe embarqué avec l’armée russe montrent l’intérieur d’une base abandonnée par les troupes américaines aux alentours de Manbij. « Nous sommes dans la base américaine de Manbij. Hier matin encore, ils étaient toujours là et nous sommes ici aujourd’hui », dit-il dans l’une des vidéos, relayées par le Washington Post et vérifiées par le site Storyful, spécialisé dans la vérification des contenus postés sur les réseaux sociaux.

Dans une publication, Oleg Blokhin filme l’intérieur d’une installation de la base dans laquelle on peut voir des objets personnels et des ballons de football américain abandonnés sur place.

« Le nombre de Russes est très, très limité »

Cité par l’agence Reuters, un haut responsable américain a tenu à relativiser la présence russe à Manbij. « Le nombre de Russes est très, très limité », « je ne dirais même pas des centaines à ce stade », a-t-il dit à des journalistes à Washington sous couvert de l’anonymat. « Mais il suffit d’une poignée de Russes avec un grand drapeau russe pour attirer l’attention », a-t-il ironisé.

Ce responsable a assuré que militaires russes et américains avaient communiqué « avec succès » par leur canal habituel dit de « déconfliction » en Syrie pour éviter des incidents lors des mouvements autour de cette ville-clé. De son côté, l’envoyé spécial russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev, a expliqué que Moscou ne permettrait pas des affrontements entre les armées turque et syrienne.

L’arrivée des forces gouvernementales syriennes à Manbij, contrôlée depuis juillet 2018 par un conseil militaire composé de combattants arabes et kurdes, est une première depuis 2012.

D’après le ministère russe de la Défense, l’armée syrienne contrôle entièrement la ville située à 30 kilomètres de la frontière turque. Des patrouilles de la police militaire russe se déplacent le long de la « ligne de contact » séparant les armées syrienne et turque, ajoute le ministère, cité par l’agence Interfax.Selon Moscou, ce déploiement vise à contrer l’offensive turque, afin d’éviter des heurts turco-syriens, alors qu’Ankara avait Manbij dans le viseur dans le cadre de sa campagne contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

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