Sur le fond de l’offensive turque en Syrie, Emmanuel Macron, Angela Merkel et leurs gouvernements seront réunis mercredi, le 16 octobre, à la mi-journée à Toulouse pour afficher l’entente franco-allemande à la veille d’un sommet européen qui s’annonce chargé, indique aujourd’hui Le Figaro.
Le président français et la chancelière allemande se retrouvent en pleines tensions internationales, marquées par des efforts de dernière heure pour conclure un accord sur le Brexit et une semaine après le début de l’offensive turque contre les Kurdes en Syrie. Paris et Berlin ont tous deux vivement condamné la décision du président turc Recep Tayyip Erdogan, mais les Européens semblent impuissants à peser face aux acteurs du conflit syrien. A l’occasion de ce premier conseil des ministres franco-allemand de l’année, la préfecture de Haute-Garonne interdit les manifestations dans le centre de Toulouse et aux abords des installations d’Airbus, près de l’aéroport. Un rassemblement syndical est toutefois prévu en fin de matinée à la limite de la zone rouge.
Angela Merkel et Emmanuel Macron vont chercher à aligner leurs positions sur les nombreux sujets au menu du sommet européen de jeudi et vendredi: la politique industrielle, la défense, mais aussi les dernières négociations du Brexit, la position de l’UE contre l’attaque turque en Syrie ou encore la réponse à opposer à Google qui refuse de rémunérer les médias au mépris de la nouvelle directive européenne. Lors d’un Conseil de défense, ils essaieront notamment d’élaborer des règles communes sur les exportations d’armes, malgré leurs divisions. Contrairement à Paris, Berlin a stoppé ses ventes d’armes à l’Arabie Saoudite après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018.
Sur le plan politique, l’ambition est d’assurer à la future présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, le soutien d’une majorité solide au Parlement européen. Car l’Elysée s’inquiète depuis le rejet par les eurodéputés de leur candidate à la Commission, Sylvie Goulard, pour des raisons éthiques, qui intervient après la faible majorité accordée à Ursula von der Leyen en juillet.
Le chef d’Etat et la chancelière arriveront vers 12h30 au siège du groupe Airbus pour visiter la chaîne de montage des A350 et échanger avec des salariés. Puis ils déjeuneront avec des lycéens et des apprentis ayant bénéficié de l’action Avion Campus des métiers. Ils auront ensuite un entretien bilatéral à la Préfecture de la Haute-Garonne avant d’enchaîner avec le Conseil des ministres franco-allemand qui réunira une dizaine de membres des deux gouvernements. Ursula von der Leyen les rejoindra ensuite pour un dîner avec la Table ronde des industriels européens, club libéral de regroupant 50 grandes entreprises. Le couple franco-allemand «est souvent mis à l’épreuve» mais, à la fin des fins, il «avance toujours sur les sujets essentiels», affirme l’Elysée. En soulignant que cette relation repose, pour Paris, sur trois piliers: «ne jamais cacher les désaccords», reconnaître qu’il «n’y a aucune alternative en Europe» et «ne pas s’enfermer dans une relation exclusive, en travaillant avec d’autres».
Après ces réunions, Emmanuel Macron rejoindra Bruxelles jeudi en fin de matinée pour participer pour la première fois à la réunion pré-sommet de Renew Europe, qui regroupe les formations centristes dont La République en Marche (LREM), depuis les élections européennes. Devenue la troisième force au Parlement, Renew Europe doit trouver des terrains d’entente avec les deux groupes traditionnellement centraux: les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les socialistes.
Les élus français de Renew Europe avaient accusé la semaine dernière le chef du groupe PPE, l’Allemand Manfred Weber, d’être à l’origine de l’échec de Sylvie Goulard, dénonçant une «attitude revancharde». La candidature de Manfred Weber à la présidence de la Commission avait été refusée par Paris. L’Elysée a indiqué qu’Emmanuel Macron ne proposerait de nouveau candidat pour remplacer Sylvie Goulard qu’après le sommet européen, une fois résolue «l’instabilité politique» au Parlement européen.