Des analyses sur les pompiers après l’incendie de Lubrizol révèlent des intoxications plus ou moins sévères

Certaines des analyses biologiques réalisées sur les pompiers intervenus lors de l’incendie de l’usine chimique Lubrizol à Rouen présentent des «anomalies mineures ou modérées» mais sans que cela soit forcément «révélateur d’une intoxication» sur le site, a indiqué mercredi un responsable des pompiers de Seine-Maritime, cité par l’AFP.

Ces premiers résultats sont issus de la «prise de sang blanche», réalisée moins de 21 jours après l’incendie, à une période où l’organisme des pompiers ne doit pas encore avoir réagi à une éventuelle intoxication, a expliqué un responsable des pompiers de Seine-Maritime à l’AFP.

«Certains ont reçu des résultats avec des anomalies mineures ou modérées. Mais aujourd’hui, il n’y a pas forcément de lien avec l’exposition sur le site de Lubrizol», a expliqué à l’AFP le commandant Chris Chislard, porte-parole du Service départemental d’incendie et de secours de Seine-Maritime (Sdis 76).

«Nous avons eu 357 prélèvements et compte-rendus d’examens qui ont été effectués, et sur ces 357, six présentent des bilans qui peuvent être anormaux sur certains items», a précisé lors d’une conférence de presse mercredi à Rouen le préfet de Normandie, Pierre-André Durand.

Ces premiers résultats sont le T0 et «le T0 en principe reflète leur état de santé antérieurement à l’incendie», a-t-il confirmé.

«Seule la deuxième prise de sang, réalisée à J+31, nous montrera s’il y a un écart qui pourrait être significatif d’une exposition à Lubrizol», a expliqué le commandant des pompiers.

Les résultats actuels, révélés par le quotidien Le Monde, «ne sont pas du tout révélateurs d’une problématique d’intoxication sur le site», a-t-il ajouté. Obtenir de tels résultats sur une population de 900 pompiers, «ce n’est pas du tout étrange», a-t-il estimé.

Selon le protocole, qui s’applique aux sapeurs-pompiers intervenus au cœur du foyer le 26 septembre, outre les analyses à J+31 (T1), d’autres analyses (T2) seront réalisées six mois après l’exposition.

«C’est le déroulé du protocole qui permettra de dire s’il y a un sujet avec l’incendie ou pas, ou si c’est une autre cause», a dit M. Durand.

Mathieu Gibassier, secrétaire général CGT du Sdis 76, a lui avancé le chiffre de 15 pompiers ayant reçu des «résultats anormaux pour le foie, avec des niveaux de transaminases trois fois supérieurs à la normale ainsi que des perturbations au niveau de la fonction rénale».

«Ces pompiers se sont vu prescrire de nouvelles analyses par le médecin du travail du Sdis 76. Il y aura, très probablement, des plaintes déposées à l’image de ce qu’ont fait des policiers», a-t-il ajouté.

L’incendie, qui n’a pas fait de victime, avait donné lieu à un panache de 22 km de fumée noire de long au-dessus de l’agglomération de Rouen.