Neuvième femme à l’Académie française : Barbara Cassin est devenue immortelle

« Ni ‘globish’ ni nationalisme », a affirmé jeudi à Paris devant ses pairs la philosophe et philologue Barbara Cassin, en devenant la neuvième femme à être officiellement accueillie à l’Académie française depuis sa création en 1635.

« Nous voulons contribuer à fabriquer une Europe résistante, qui refuse de s’en tenir à cette non-langue de pure communication qu’est le global english, dont les principales oeuvres sont les dossiers de demandes de subvention, ces ‘soumissions’ que classeront des ‘experts à haut niveau' », a insisté la nouvelle académicienne dans le discours d’éloge à son prédécesseur, le musicologue et musicien Philippe Beaussant.

« Nous refusons que nos langues, celles que nous parlons, le français, l’anglais lui-même (celui de Shakespeare, d’Emily Dickinson ou de Churchill), deviennent de simples dialectes, à parler chez soi », a poursuivi l’auteure de « l’éloge de la traduction ».

« Nous nous opposons tout aussi fermement à la hiérarchie des langues et à leur prétention auto-proclamée à un génie supérieur », a souligné la philosophe, qui a choisi pour devise, gravée sur son épée high-tech, une phrase empruntée à Jacques Derrida : « Plus d’une langue ».

« La singularité d’une langue, la force de son génie, la richesse de ses oeuvres ne conduisent pas à la fermeture sur soi de cette langue ni du peuple qui la parle. Ce serait là faire le lit du pire des nationalismes. Il faut soutenir avec Umberto Eco que: ‘La langue de l’Europe ? et peut-être la langue du monde ?, c’est la traduction », a insisté la philosophe qui aura 72 ans dans quelques jours.

Passionnée par la diversité des langues, Barbara Cassin a salué « l’importance, pour la France et pour le français, des langues parlées en France, toutes ».

Elle a critiqué le gouvernement, qui avait décidé d’augmenter les droits d’inscription à l’université des étudiants étrangers. « À cause de la hausse différentielle des droits d’inscription » des étudiants étrangers « vont, bon gré mal gré, parler anglais en Chine », a-t-elle déploré, avant de se réjouir de la récente décision du Conseil constitutionnel qui a retoqué cette décision.

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