L’Arménie dénonce les propos tenus par Erdogan lors du sommet turcophone de Bakou

Lors de l’offensive des troupes sémant une crise humanitaire majeure au nord de la Syrie, où les Kurdes fuient par dizaines de milliers une offensive turque qui a déjà fait des dizaines de morts civils en une semaine, le president turc Erdogan a affirmé une nouvelle fois que son Etat n’avait jamais massacré de civils au cours de son histoire.

Des propos tenus dans « l’intimité » du sommet des pays turcophones qui se tenait à Bakou, et auquel avait été convié aussi le très « illiberal » et europhobe premier ministre hongrois Viktor Orban, défenseur de la “chrétienté” en Europe mais aussi fier de ses origines magyares et donc « ouralo-altaïques, mais qui n’ont pas échappé à l’Arménie, largement prise à partie lors de cette reunion où le president turc a une fois encore exprimé son soutien à son frère azerbaïdjanais Ilham Aliev dans la guerre qui l’oppose aux Arméniens au Haut-Karabagh. Lors de ce sommet qui se tenait donc dans la capitale azérie en début de semaine, Erdogan a une fois encore dénoncé l’ »occupation » arménienne du Karabagh et d’autres « anciens territoires » de l’Azerbaïdjan.

« Nous ferons notre possible pour garantir l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan », avait martelé le president turc. De son côté, le président Ilham Aliyev avait une fois encore désigné la province arménienne méridionale de Syunik, aussi connue sous le nom de Zanguezur, comme un territoire « historiquelent azerbaïdjanais », en soulignant lors du même sommet, que son « transfert à l’Arménie avait provoqué une césure géographique du monde turcophone ».

Cette rhétorique ouvertement panturquiste a été condamnée par le ministère arménien des affaires étrangères qui l’a inscrite au titre des autres revendications territoriales formulées par I. Aliyev par le passé concernant certaines regions de l’Arménie, et jusqu’à sa capitale, Erevan, sur laquelle le president azéri revendique des titres de propriété. “Les distorsions historiques de l’Azerbaïdjan et de la Turquie et leurs approches de la sécurité régionale fondées sur le racism et la discrimination compromettent une resolution pacifique des conflitset contribuent à l’instabilité dans la region, et pas seulement”, a indiqué la porte-parole du the ministère, Anna Naghdalian, dans un commentaire écrit, en soulignant « l’importance de notre priorité visant à assurer la sécurité du peuple arménien dans la région ». La Turquie n’a jamais cessé d’apporter son soutien à l’Azerbaïdjan, posant comme preconditions à la normalisation de ses relations avec l’Arménie le règlement du conflit du Karabagh conformément aux exigences de Bakou… et l’abandon par l’Arménie de ses revendications en vue de la reconnaissance du genocide perpétré par les Turcs ottomans en 1915. A. Naghdalian n’a pas manqué d’ironiser non plus sur les propos d’Erdogan selon lesquels la « Turquie n’a jamais commis de massacres de populations civiles dans son histoire »… en renvoyant aux declarations du 24 avril du president turc qui s’employait à justifier ce genocide. En butte aux critiques de la communauté international pour l’offensive lancée le 9 octobre contre les Kurdes de Syrie et plus généralement pour ses violations des droits de l’homme, Erdogan a répondu, le 16 octobre : « Si vous parlez de massacres de civils, allez donc voir en Afghanistan, au Myanmar (Birmanie), au Haut-Karabagh et en Bosnie »….