Union européenne : Angleterre part, amis Albanie et Macédoine ne sont pas encore les bienvenues

Au Conseil européen, le président français refuse d’ouvrir les négociations d’adhésion de l’Albanie et de la Macédoine du Nord, et souhaite une révision du processus.

L’Albanie et la Macédoine du Nord attendront. Lors de ce Conseil européen, la France, comme les Pays-Bas (tout en l’assumant moins), ont refusé de se prononcer en faveur de l’ouverture de négociations d’adhésion de ces deux pays candidats des Balkans occidentaux. L’Allemagne de Merkel, quant à elle, s’y montrait plus favorable. « C’est une lourde erreur historique ! », a déploré Jean-Claude Juncker à l’issue du Conseil européen. Emmanuel Macron a explicité sa position lors du conseil des ministres franco-allemand, mercredi à Toulouse. Pour lui, l’Europe n’est pas prête à un nouvel élargissement et le processus d’adhésion lui-même doit être révisé.

« Je suis convaincu, comme la chancelière, que cette région des Balkans occidentaux est totalement stratégique pour l’Europe, qu’il nous faut l’arrimer à l’Europe. (…) Nous avons encore des choses à faire avant d’ouvrir des négociations. (…) Il nous faut réformer cette procédure, qui est aujourd’hui irréversible et non progressive, » a-t-il précisé lors de ce point de presse. En outre, le président s’est amusé à une métaphore pour comparer l’UE à une copropriété dont les propriétaires « ne savent pas comment la quitter », « ont du mal à réparer la lumière », refusent d’investir plus de 1 % (allusion à l’Allemagne), mais se disent prêts à « inviter de nouveaux copains et nouvelles copines ».

Le président français a souligné les anomalies actuelles de la procédure d’adhésion, comme celle qui, avant même l’ouverture des négociations, permet aux Albanais de bénéficier de la libre circulation sans visa. Résultat : en 2017, 7 630 demandes d’asile ont été déposées par des Albanais en France, selon l’Ofpra. L’Albanie est considérée comme un « pays sûr », mais la pauvreté et le chômage ont déjà poussé un tiers de sa population sur les routes de l’exil. « C’est bizarre comme type de relation, observe Emmanuel Macron. Comment voulez-vous que j’explique à mes concitoyens que le deuxième pays qui demande le plus l’asile en France, ce sont des gens qui viennent d’Albanie, mais tout se passe tellement bien qu’on va ouvrir les négociations pour les faire entrer dans l’Union européenne ? Quand je ne sais pas l’expliquer aux gens, c’est qu’il y a un problème. »

L’idée d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord a été soutenue par la Commission Juncker. « Il faut aussi être sincère à l’égard de ceux qui veulent adhérer », déclarait Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen, le 9 octobre en préparation du Conseil européen des 17 et 18 octobre. La Macédoine du Nord et l’Albanie ont fait des progrès substantiels. C’est la raison pour laquelle le président Sassoli, le président Tusk, la présidente élue Von der Leyen et moi-même avons écrit une lettre aux États membres pour les inviter à faire ce qu’ils ont promis aux pays des Balkans occidentaux, et notamment à la Macédoine du Nord et à l’Albanie. » Ursula von der Leyen, invitée du Conseil européen, a déploré la situation. «  Je suis vraiment désolée pour cela, car je suis fermement convaincu que les deux pays ont déployé des efforts considérables pour se conformer aux normes européennes, a-t-elle déclaré en amont du Conseil. Et je suis très soucieuse qu’ils reçoivent un signal positif. » Espoirs déçus, donc.

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