Le Liban attend de nouvelles manifestations lundi, journée cruciale pour un mouvement de contestation inédit contre la classe politique, le gouvernement devant se prononcer sur un plan de réformes proposé par le Premier ministre Saad Hariri.
Tôt le matin, des manifestants ont coupé de nombreuses routes à travers le pays pour empêcher les employés d’aller sur leurs lieux de travail, tandis que les appels à descendre dans la rue se multipliaient sur les réseaux sociaux.
Banques, universités et écoles sont restées fermées lundi, alors que le mouvement de contestation paralyse le pays.
Dimanche, les Libanais, de tous bords, étaient des centaines de milliers à réclamer dans une ambiance festive un changement radical d’un système politique accusé corruption, de confessionnalisme et de clientélisme, sur fond de crise économique sans fin.
De Beyrouth à la ville à majorité sunnite de Tripoli, dans le nord, en passant par les localités chiites du sud et les villes druzes ou chrétiennes de l’est, ils avaient défilé dans un élan exceptionnel d’unité pour exprimer leur ras-le-bol.
Aux cris de « Révolution, révolution » ou « le peuple veut la chute du régime », une marée humaine avait envahi le centre de la capitale.
Le mouvement de contestation a été déclenché spontanément jeudi par l’annonce d’une nouvelle taxe sur les appels effectués via les applications de messagerie Internet comme WhatsApp, une décision finalement annulée.
Le lendemain, Saad Hariri donne 72 heures à sa fragile coalition gouvernementale pour soutenir ses réformes bloquées par les divisions politiques. Mais son discours a été largement interprété par les manifestants comme une tentative de sauver in extremis la classe politique.
Le gouvernement doit tenir en milieu de matinée une réunion présidée par le chef de l’Etat Michel Aoun, pour se prononcer sur les réformes proposées. Dimanche, les principaux partis ont accepté notamment de ne plus imposer de nouveaux impôts et un programme de privatisations, selon un responsable du gouvernement.
Mais cela ne semble pas avoir suffi pour calmer la colère des manifestants.
« Ils sont tous des chefs de guerre (…) On attend depuis plus de 30 ans qu’ils fassent des changements et ils n’en ont pas été capables », a affirmé dimanche soir Patrick Chakar, un manifestant de 20 ans.
« L’heure de vérité est arrivée », titre lundi L’Orient-Le Jour. « Journée test: le pouvoir ou le peuple », écrit en Une le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah.