Le Sénat a adopté mardi à l’unanimité une proposition de résolution demandant « l’engagement résolu de la France » en aveur de toute initiative au niveau européen ou international visant à mettre un terme à l’offensive d’Ankara sur le territoire syrien.
Le texte présenté par les chefs de file des groupes Les Républicains et PS, affirme « l’absolue nécessité de protéger les populations civiles et d’assurer de manière durable un accès humanitaire sans entrave sur tout le territoire syrien ».
Rappelons, que la Turquie a lancé le 9 octobre son offensive contre une milice kurde, un allié
essentiel des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique, à la suite de l’annonce du retrait militaire américain du nord-est syrien.
Les orateurs de la plupart des groupes du Sénat ont dénoncé une « trahison » à l’encontre des Kurdes.
« L’agression turque est moralement injustifiable et politiquement irresponsable », a soutenu l’un des initiateurs du texte, Bruno Retailleau (LR), qui a dénoncé « ni plus ni moins qu’un nettoyage ethnique ».
« Pour l’instant nous n’agissons pas à la hauteur des enjeux », a déplore pour sa part Patrick Kanner (PS). Et pour le président du groupe communiste (CRCE) Pierre Laurent, « la pression doit s’amplifier pour éviter le pire ».
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne a partagé en réponse les inquiétudes des sénateurs face à « cette offensive de nature à remettre en cause cinq années d’efforts contre Daesh« . »C’est une détermination résolue qui nous anime », a-t-il assuré, soulignant que la France est l’un des pays les plus actifs sur le plan diplomatique pour tenter de mettre fin à l’offensive turque.
Nombre d’intervenants ont également déploré que l’Union européenne ait été « la grande absente » depuis le début de la crise. « Nous ne pourrons pas sortir indemne de ce qui se passe dans le nord-est de la Syrie. J’ai l’espérance que ça va permettre de dessiller les yeux d’un certain nombre de nos partenaires européens un peu frileux en matière de défense européenne et d’affirmation de cette autonomie stratégique », a fait valoir M. Lemoyne.
Pour les auteurs de la résolution, il s’agit à terme « de favoriser le respect des engagements de la communauté internationale en Syrie, de maintenir l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays, et de défendre le respect de toutes ses composantes ethniques et religieuses ».
Contrairement aux lois, les résolutions votées par le Parlement n’ont pas de valeur contraignante. Selon une source parlementaire, une proposition de résolution sur le sujet est également en préparation à l’Assemblée nationale.