Le Conseil de l’Europe dénonce une situation « explosive » dans les camps de migrants en Grèce

Alors qu’une loi controversée sur le droit d’asile a été votée jeudi soir à Athènes, le Conseil de l’Europe a fait part, plus tôt, de sa préoccupation concernant les camps de migrants et a demandé à la Grèce de prendre « des mesures urgentes ».

Le Conseil de l’Europe a appelé la Grèce, jeudi 31 octobre, à prendre « des mesures urgentes » face à une situation « explosive » dans les camps de migrants des îles en mer Égée et a critiqué une loi controversée sur le droit d’asile votée jeudi soir au Parlement.

Au terme d’une visite de cinq jours dans les camps de Lesbos et Samos, les plus surpeuplés des îles de la mer Égée, la commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatovic, s’est dite « choquée des conditions d’hygiène horribles » dans lesquelles vivent les demandeurs d’asile.

« L’image est choquante pour l’Europe du XXIe siècle », a-t-elle mis en garde lors d’une conférence de presse à quelques heures du vote au Parlement d’un projet de loi visant à durcir la procédure d’octroi d’asile. « La situation des migrants, y compris des demandeurs d’asile, dans les îles grecques est explosive » et « au bord de la catastrophe », a-t-elle souligné.

Plus de 34 000 personnes vivent dans des camps sur cinq îles grecques affichant une capacité de 6 300 personnes.

La commissaire a appelé à des « mesures urgentes pour faire face aux conditions épouvantables dans lesquelles vivent des milliers d’êtres humains ». « Il y a un manque flagrant de soins médicaux appropriés dans ces camps largement surchargés que j’ai visités, où les gens attendent des heures pour avoir de la nourriture et aller aux toilettes, là où il y en a », s’est-elle indignée.

Les conditions de vie ont été dénoncées à plusieurs reprises par des ONG de défense des droits des migrants et réfugiés. « Les autorités grecques doivent agir rapidement », « les droits de l’homme ne sont pas respectés », a fustigé Dunja Mijatovic.

Pour la première fois depuis 2016, la Grèce est redevenue en 2019 la principale porte d’entrée des demandeurs d’asile en Europe, un problème qui a pris de court le gouvernement de droite de Kyriakos Mitsotakis, élu en juillet et qui plaide pour le renforcement des contrôles frontaliers de façon à garantir « la sécurité » du pays.

À l’instar de nombreuses ONG internationales, dont Amnesty, la commissaire a exprimé ses réserves concernant certaines dispositions du texte voté jeudi soir sur l’octroi de l’asile. Elle s’est particulièrement inquiétée de l’extension de la durée de détention des demandeurs d’asile et a souligné le risque d’une évaluation « superficielle » des demandes d’asile par les autorités grecques, ce qui compromettrait les droits des migrants et réfugiés.

Kyriakos Mitsotakis a réaffirmé, à la tribune du Parlement, avant le vote de la loi, jeudi soir, sa volonté de « distinguer les réfugiés des immigrés ». « Cette loi sur l’asile envoie un message clair : ceux qui savent qu’ils ne peuvent pas obtenir l’asile et entreprendront de venir pour rester dans notre pays, seront renvoyés dans leur pays et perdront l’argent investi dans leur voyage », a poursuivi le Premier ministre grec.

Kyriakos Mitsotakis a récemment indiqué que les personnes qui arrivent en Grèce actuellement sont plutôt des Afghans et des Irakiens et que la question est plutôt « migratoire » et « moins un problème de réfugiés », comme c’était le cas en 2015 lors de la grande exode des Syriens vers l’Europe.

« Les autorités grecques doivent surmonter les obstacles administratifs et utiliser d’une manière efficace les fonds disponibles » pour gérer la situation dans les îles de la mer Egée, a préconisé Dunja Mijatovic.

Elle a aussi appelé « l’Europe à assumer plus de responsabilités de manière à relocaliser ceux qui se trouvent en Grèce dans d’autres pays membres afin que le pays où résident actuellement environ 100 000 migrants et réfugiés améliore ses infrastructures d’accueil ».

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