Le traitement infligé à Julian Assange, accusé d’espionnage par Washington et menacé d’extradition vers les Etats-Unis, met sa vie « en danger », a estimé vendredi le Rapporteur de l’ONU sur la torture.

Dans un communiqué, Nils Melzer a exprimé son « inquiétude face à la détérioration continue de la santé de Julian Assange depuis son arrestation et sa détention au début de cette année », affirmant que « sa vie était désormais en danger ».

« A moins que le Royaume-Uni ne change d’urgence de cap et n’améliore sa situation inhumaine, l’exposition continue de M. Assange à l’arbitraire et aux violations de ses droits pourrait bientôt lui coûter la vie », a-t-il déclaré.

Cet expert indépendant de l’ONU et professeur de droit international avait rendu visite en mai, accompagné de médecins, au fondateur australien de WikiLeaks dans sa prison londonienne, un mois après son arrestation par la police britannique à l’ambassade d’Equateur.

A la suite de cette visite, M. Melzer avait affirmé que Julian Assange avait été victime de « maux physiques » et présentait « tous les symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique, une anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses ».

L’expert n’a pas rencontré Assange depuis, mais a reçu de nouvelles informations sur sa santé, a affirmé son entourage à l’AFP.

M. Assange « continue d’être détenu dans des conditions d’oppression et d’isolement et de surveillance, non justifiées par son statut de détenu », a relevé le Rapporteur.

Le 21 octobre, l’Australien de 48 ans est apparu désorienté au cours de sa première apparition en public en six mois, bredouillant pendant une audience à Londres et semblant avoir des difficultés à se rappeler sa date de naissance. A la fin de l’audience, il avait déclaré ne pas savoir ce qui s’était passé et s’était plaint de ses conditions de détention à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh.

En 2012, Julian Assange, qui faisait l’objet de poursuites en Suède pour viol, s’était réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres pour éviter d’être extradé vers la Suède ou vers les Etats-Unis, en raison de la diffusion de documents secrets américains par son site internet.

Après sept années passées dans la représentation diplomatique, il en avait été délogé par la police britannique le 11 avril, avec l’accord de Quito.

Il avait été immédiatement placé en détention puis condamné à une peine de 50 semaines de prison le 1er mai pour violation des conditions de sa liberté provisoire.

Julian Assange encourt une peine allant jusqu’à 175 ans d’emprisonnement aux Etats-Unis, qui lui reprochent d’avoir mis en danger certaines de leurs sources au moment de la publication en 2010 par WikiLeaks de 250.000 câbles diplomatiques et d’environ 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Fin mai, la justice américaine a ajouté plusieurs chefs à son acte d’inculpation, dont la plupart portent sur des violations des lois contre l’espionnage, ce qui a suscité les critiques des défenseurs de la liberté de la presse.