Un ancien commandant de police chargé de la lutte contre le trafic de drogue a été condamné mardi à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour avoir détourné 52,5 kilos de résine de cannabis et deux kilos de cocaïne.
Le procureur avait requis «trois ans de prison au minimum» à l’encontre de Reynald Matifas, 50 ans, révoqué en avril 2017 de la police nationale.
Chef d’un des dix groupes de l’antenne marseillaise de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants, le policier aux états de service élogieux et très estimé par sa hiérarchie, a reconnu devant le tribunal avoir commis «une erreur».
«J’ai honte d’être devant vous aujourd’hui, ce que j’ai fait est inqualifiable», a-t-il déclaré. Souvent débordé par l’émotion, Reynald Matifas, aujourd’hui recyclé dans la restauration rapide, a souvent répété : «Je ne suis pas un truand. Pourquoi j’ai fait cela, je ne peux pas vous dire».
Le 9 février 2016, alors qu’il transportait vers un incinérateur de Rognac (Bouches-du-Rhône) quelque 160 kilos de drogue provenant de saisies opérées par son groupe, il affirme avoir «oublié au fond du véhicule» un carton contenant la résine de cannabis qu’il avait ensuite stocké dans son garage. En revanche, Reynald Matifas a toujours contesté avoir détourné deux kilos de cocaïne expliquant que les 37 grammes retrouvés à son domicile avaient été récupérés lors d’une opération dans une cité marseillaise.Il destinait cette drogue à la rémunération d’informateurs, s’est-il justifié.
Un mois plus tard, Reynald Matifas prenait contact avec un trafiquant, indicateur de police. «Je voulais récupérer cette personne qui nous avait fait faire beaucoup d’affaires et, pour l’appâter, il fallait lui proposer quelque chose». Au terme d’échanges téléphoniques surveillés par ses collègues alertés par un signalement, Reynald Matifas était interpellé le 18 mars 2016 alors qu’il s’apprêtait à remettre dix-sept kilos à cet informateur.
L’ancien chef de groupe félicité à deux reprises par Manuel Valls, ancien ministre de l’Intérieur, pour ses réussites dans la lutte contre le trafic au sein des cités marseillaises, a affirmé aux juges que c’était «un coup monté», le trafiquant qu’il voulait recruter faisant parti d’un scénario monté par ses collègues.
«Tout cela a été dicté par un besoin d’argent évident», selon le procureur Ahmed Chafai qui a rappelé une précédente sanction disciplinaire – six mois de suspension dont cinq mois avec sursis- pour avoir entretenu en 2006 une relation avec une prostituée alors que Reynald Matifas était capitaine de police à la brigade de lutte contre le proxénétisme.