La rémunération moyenne des premiers dirigeants des sociétés du CAC 40 a augmenté de 12% en 2018 à 5,77 millions d’euros, selon une étude publiée mercredi par le cabinet de conseil de vote aux investisseurs Proxinvest, reprise par l’AFP.
Les dirigeants des sociétés de l’indice phare de la Bourse de Paris gagnent aussi en moyenne 90 fois plus que les salariés de ces mêmes sociétés, contre seulement 73 fois en 2014.
Ce niveau de revenu correspond à 277 Smic en base 39 heures ou à 152 fois le salaire brut moyen des Français.
«La hausse de la rémunération des dirigeants du CAC 40 est trois plus rapide que celle des salariés», a déclaré lors d’une présentation à la presse Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest.
La rémunération de ces numéros un exécutifs, qui comprend une part fixe, variable et actionnariale, atteint «un nouveau record sur les dix dernières années, (…) une dérive qui s’explique principalement par les hausses du Top 4», explique le cabinet.
Les émoluments de l’ensemble des numéros un des 120 plus grosses sociétés cotées françaises (SBF 120) se sont en revanche en moyenne tassés en moyenne de 4% par rapport à 2017, à 3,6 millions d’euros.
Une bonne partie de la hausse de la moyenne du CAC 40 est due à l’intégration en 2018 dans l’indice phare de la Bourse de Paris de Dassault Systèmes, dont le directeur général Bernard Charlès a perçu 33,1 millions d’euros, dont 30,2 millions d’euros d’actions l’an dernier, selon Proxinvest.
L’acquisition définitive de ces actions est liée à la réalisation de critères de performances, lesquels restent toutefois secrets. Proxinvest estime que M. Charlès a 90% de chances de les atteindre, alors que Dassault n’évalue ces chances qu’à 55%, d’où une rémunération déclarée par l’entreprise de -seulement- 22,9 millions.
Deuxième patron le mieux rémunéré de France, François-Henri Pinault a perçu 17,3 millions d’euros, d’après le calcul de Proxinvest qui inclut 5,07 millions facturés au groupe Kering par Artémis, une société d’investissement appartenant à M. Pinault.
Proxinvest, qui émet des recommandations de vote aux actionnaires pour les assemblées générales, déplore une prime exceptionnelle d’un montant de 5,8 millions versée à M. Pinault «sans condition de performance».
Carlos Ghosn, numéro un de Renault-Nissan avant d’être démis de ses fonctions à la suite de son arrestation au Japon, est parvenu à se hisser à la troisième marche du podium avec 14,3 millions d’euros – et ce même s’il a été privé d’actions gratuites et de retraite. La hausse de sa rémunération, décidée par lui-même, avait atteint 137,5% sur un an à 13,3 millions d’euros pour le seul constructeur Nissan.