A Berlin, espoirs et craintes 30 ans après la chute du Mur

Comme chaque jour anniversaire depuis le 9 novembre 1989, Kaethe Struebing a prévu d’ouvrir en famille une bouteille à un ancien poste de contrôle de Berlin-Est, pour célébrer la chute du Mur. Elle continue de nourrir espoirs, mais aussi craintes.

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« J’attends ma belle-fille, qui vient des Pays-Bas. Nous ne l’aurions jamais rencontrée si les frontières n’avaient pas été ouvertes » il y a 30 ans, confie-t-elle à l’AFP, à l’ancien poste de contrôle de Friedrichstrasse, en plein centre de Berlin.

« Nous nous retrouvons ici tous les 9 novembre, et nous buvons une bouteille de mousseux, nous portons un toast à la chute du Mur », raconte-t-elle.

Trois décennies plus tard, l’ex-Berlinoise de l’Est se souvient encore de ses tremblements quand elle se rendait au « Palais des Larmes », la gare de Friedrichstrasse, un important point de passage entre les deux Berlin.

La nuit du 9 novembre 1989, elle a sorti son fils, alors âgé de 18 ans, de son bain lorsqu’elle a appris, en captant une chaîne occidentale, que le Mur était ouvert. « Il ne s’est jamais habillé aussi vite », se souvient-elle. « Le lendemain matin, il est revenu, heureux, épuisé, excité ».

Edwin Glatter, 54 ans, se trouvait lui côté Ouest il y a trente ans.

Ce samedi, il est venu exprès de la Forêt Noire, dans l’ouest de l’Allemagne, pour marquer l’événement avec des amis. Il se souvient de son bar préféré, sur la grande avenue de Kurfürstendamm à Berlin-Ouest, soudain fréquentée par des nouveaux venus un peu « étranges » ce jour-là.

Quand lui et sa petite amie ont appris que les frontières étaient ouvertes, « elle a dit: ‘pour l’amour de Dieu, les Russes arrivent !’ Elle était horrifiée », se souvient-il en éclatant de rire.

Le malentendu dissipé, le couple s’est dirigé vers la porte de Brandebourg, célèbre dans le monde entier, où les gens dansaient sur le Mur, hilares face aux tentatives de la police est-allemande de les faire tomber avec des lances à incendie.

Plus tard, la foule a applaudi lorsque les foreuses ont commencé à percer le Mur. « Les gens étaient euphoriques. C’était une fête géante », se remémore M. Glatter.

Malheureusement, l’euphorie a rapidement cédé la place à la « rage et à la méfiance » entre « Ossies » venus de l’Allemagne de l’Est communiste, et ceux de l’Ouest, alimentées par l’effondrement économique de la RDA au début des années 90.

La situation s’est depuis améliorée. Mais des différences demeurent entre les deux Allemagne. « Ce qui manque (chez nombre d’Allemands), c’est de la confiance pour se mettre en mouvement, pour faire quelque chose soi-même », estime M. Glatter, décrivant à l’Est un « sentiment d’être laissé pour compte ».

« Cette façon différente de penser entre Est et Ouest est encore assez répandue, ou elle devient plus visible », analyse-t-il.

« Sur le plan émotionnel, beaucoup de choses n’ont pas été traitées, il faudra probablement deux ou trois générations ».

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