Le Président français a invité la Russie à un dialogue stratégique

Par ses récents propos sur «la mort cérébrale» de l’Alliance atlantique, le Président français a non seulement appelé Berlin à l’action mais aussi invité la Russie à un dialogue stratégique faisant ainsi «un cadeau» à son homologue russe, écrit le journal suisse Neue Zürcher Zeitung.

Constatant le manque de coordination entre les États-Unis et l’Europe ainsi que les actions unilatérales de la Turquie, membre de l’Alliance atlantique, en Syrie, Emmanuel Macron a récemment fait état de «la mort cérébrale de l’Otan». Avec une telle déclaration, le Président français a appelé Berlin à agir mais a aussi «fait un cadeau au maître du Kremlin», lui proposant un dialogue stratégique, soutient un article publié dans le journal Neue Zürcher Zeitung.

Selon l’auteur de l’article, les Russes ont perçu ces propos comme «un revanche historique» de leur pays après la défaite de l’Union soviétique dans la guerre froide. Pour eux, Emmanuel Macron «dit l’office des morts» pour l’Alliance et promet à Moscou «un nouvel ordre en Europe».

En même temps, le journal souligne que, pour Moscou, cette déclaration a été «une occasion de se réjouir» mais pas plus, car les autorités russes se rendent compte que l’Otan ne disparaîtra pas et ne sera pas refondée dans un avenir proche.

Même si la Russie se trouve isolée à cause des sanctions politiques et économiques de l’Union européenne, cette «solitude» de Moscou, poursuit l’auteur, ne peut pas être considérée comme un défaut, car elle permet à la Russie d’observer tranquillement les différends entre l’Europe et les États-Unis, l’inaction de l’Allemagne et la déception de la France.

Réagissant à l’interview d’Emmanuel Macron à The Economist, le porte-parole du Kremlin a souligné que ce n’était pas à Moscou de se prononcer sur l’état des choses au sein de l’Alliance.

«Si l’Otan est morte ou vivante et quelles sont les parties de son corps en état comateux, ce n’est pas à nous de le décider, nous ne sommes pas des médecins légistes», a souligné Dmitri Peskov.

En outre, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a qualifié les paroles du Président français de «mots d’or». «Véridiques et reflétant l’essence [du problème, ndlr]. Une définition nette de l’état actuel de l’Otan», a-t-elle écrit sur son compte Facebook.