Le groupe chinois Jingye a décidé de racheter British Steel, entreprise fabriquant le tiers de l’acier produit au Royaume-Uni. Elle s’est retrouvée en mai au bord de la faillite, faute de liquidités suffisantes. Zhou Rong, de l’Université Renmin de Chine, a commenté la situation.
Le groupe chinois Jingye rachète le sidérurgiste en faillite British Steel pour 50 millions de livres (58 millions d’euros), s’engageant à garder les 4.000 postes de travail de l’entreprise et à y investir 1,2 milliard de livres (1,4 milliard d’euros) sur dix ans, un marché qui profite aux deux parties, a déclaré à Sputnik Zhou Rong, de l’Université Renmin de Chine.
Il explique que pour le Royaume-Uni, c’est le moyen de sauver une partie de la production et des emplois. Pour la Chine, c’est une opportunité supplémentaire pour mettre un pied sur le marché britannique, donc en Europe.
«Pour moi, le rachat par Jingye de British Steel témoigne de l’aspiration des entreprises chinoises à s’internationaliser. Si le marché est officialisé, Jingye devra investir 1,2 milliard de livres dans la modernisation de la production. […] À l’heure actuelle, la Chine exporte son acier en Europe, mais c’est de l’acier à bas prix. Dès 2016, les aciéries européennes se sont révoltées contre l’inondation de leur marché par un acier chinois bon marché», détaille l’expert.
En effet, la surcapacité de production chinoise, doublée des subventions de l’État, a fait chuter le prix de l’acier, frappant ainsi le marché de la sidérurgie en Europe. L’UE a donc décidé de taxer l’acier chinois à hauteur de 73,7%.
«En cas d’acquisition de British Steel, Jingye sera exempt de ce droit de douane. À l’avenir, le groupe chinois pourra y réaliser ses produits sans problème, même si le Royaume-Uni se retire de l’Union européenne, car l’accord tarifaire entre Londres et Bruxelles tiendra bon», estime Zhou Rong.
Pour lui, le Brexit pourrait même profiter à la Chine.
«Le Brexit apporte une grande incertitude dans les relations des entreprises britanniques avec leurs partenaires au sein de l’Union européenne. Et si entre-temps, des groupes chinois veulent s’installer au Royaume-Uni, le processus de fusion-acquisition sera beaucoup plus facile […] et aidera les entreprises chinoises à s’internationaliser», avance Zhou Rong.
Il résume que tout porte à croire qu’à l’avenir l’accès des entreprises chinoises au Royaume-Uni ne fera que s’élargir et ce, indépendamment du Brexit.