Nouvelles actions tous azimuts pour paralyser Hong Kong

Les manifestants pro-démocratie hongkongais ont encore intensifié leurs actions tous azimuts mercredi pour paralyser au maximum l’ex-colonie britannique, théâtre depuis le début de la semaine de scènes d’une rare violence.

Jusqu’à présent, les manifestations se déroulaient généralement le soir ou le week-end, ce qui affectait relativement peu la vie quotidienne des Hongkongais.

Les protestataires ont donc décidé, après 24 semaines de mouvement de contestation, de changer leur mode d’action et de semer le chaos à travers l’ensemble du territoire.

De petits groupes de protestataires se donnent rendez-vous via les réseaux sociaux et prennent pour cible différents quartiers de la ville afin de perturber au maximum son fonctionnement quotidien et de mettre les forces de l’ordre à l’épreuve.

Mercredi, pour la troisième journée consécutive, la plupart des lignes du métro, qui transporte quotidiennement plus de la moitié des 7,5 millions d’habitants, étaient fermées à la suite d’actes de vandalisme.

Afin de rejoindre leur travail, les habitants devaient se résoudre à faire la queue de longues heures durant pour attendre des bus ou des taxis.

De nombreux centres commerciaux et des écoles sont demeurés fermés. Plusieurs carrefours étaient jonchés de pavés, de vélos, de débris et d’obstacles divers laissés par des protestataires afin de perturber la circulation.

Les journées de lundi et mardi ont également été marquées par les pires violences en 24 semaines de mobilisation, laissant des stigmates dans toute la ville.

Mardi, de nombreux affrontements se sont déroulés sur des campus universitaires. Ils ont été particulièrement violents de l’Université chinoise de Hong Kong, qui a été l’épicentre de la contestation. A la nuit tombée, son campus s’est transformé en champ de bataille.

Lundi, un policier a blessé par balle un contestataire et un homme a été transformé en torche humaine.

« L’Etat de droit à Hong Kong a été poussé au bord de l’effondrement total », a déclaré mardi le porte-parole de la police, Kong Wing-cheung.

Pékin, comme le gouvernement local, semble peu enclin à faire des concessions politiques aux manifestants qui demandent notamment de véritables élections au suffrage universel.

Le gouvernement chinois a, au contraire, envoyé des signaux inquiétants laissant penser qu’il souhaite réduire les libertés des Hongkongais et renforcer les mesures de sécurité.

Mardi, le très officiel Quotidien du peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, a affirmé que les élections locales qui doivent se tenir le 24 novembre pourraient être annulées si les manifestants ne cédaient pas.

Les journaux d’Etat chinois ont également souligné que l’Armée populaire de libération (APL), qui dispose d’une garnison à Hong Kong, était sur place afin de soutenir, si nécessaire, la police hongkongaise dont ils ont salué « la retenue ».

La Chine ne semble cependant pas encore prête à prendre des mesures aussi radicales qu’une intervention militaire, estime Ben Bland, directeur du Projet Asie du Sud-Est à l’Institut Lowy, un groupe de réflexion politique basé à Sydney.

Selon lui, elle semble plutôt miser sur l’affaiblissement à terme du mouvement et sur sa capacité d’intimidation.

« Il semble toujours, d’après ce que nous pouvons dire, que la réponse la plus probable va être apportée par les autorités et la police de Hong Kong », a-t-il affirmé mercredi à l’AFP.

Mais les récents événements laissent craindre que la police de Hong Kong soit dans l’incapacité de résoudre la crise et qu’une solution politique soit loin d’être trouvée.

Hong Kong, rétrocédé à la Chine par les Britanniques en 1997, est une région semi-autonome jouissant de libertés inconnues dans le reste de la Chine, et ce jusqu’en 2047.

Mais les Hongkongais militant pour des réformes démocratiques accusent Pékin d’augmenter son emprise politique.

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