Le jour même de son seizième anniversaire, un adolescent américain a ouvert le feu dans la cour de son lycée, au nord de Los Angeles, tuant deux camarades et en blessant trois autres avant de tenter de se suicider.
Le drame qui a frappé le lycée Saugus de Santa Clarita, en Californie, le 14 novembre, est survenu au moment même où le Sénat débattait à Washington d’une éventuelle limitation des armes à feu, dans un pays qui a connu ces dernières années plusieurs tueries sanglantes en milieu scolaire sans pour autant remettre fondamentalement en cause la législation en la matière.
« Cela me fait horreur d’ajouter Saugus aux noms de Columbine, Parkland, Sandy Hook », autant d’établissements américains endeuillés par de telles fusillades, a lancé le shérif du comté de Los Angeles, Alex Villanueva, « mais c’est une réalité qui nous affecte tous à travers le pays ».
L’appel d’urgence a été reçu par la police jeudi à 07h38, alors que certains élèves du lycée Saugus étaient déjà en cours et que d’autres continuaient à s’y présenter.
Les policiers sont arrivés sur place seulement deux minutes plus tard et ont découvert dans la cour « six personnes présentant des blessures par balles. Tous étaient des élèves du lycée », a raconté lors d’une conférence de presse le capitaine Kent Wegener, des services du shérif de Los Angeles.
Les blessés ont été pris en charge et transportés vers des hôpitaux locaux mais « il s’est avéré que parmi eux se trouvait le suspect, actuellement hospitalisé dans un état grave », a expliqué Alex Villanueva, précisant qu’il s’agit d’un jeune homme « asiatique » scolarisé au lycée et résidant à Santa Clarita.
La fusillade a fait deux morts, une lycéenne de seize ans et un garçon de quatorze ans qui ont tous deux succombé à leurs blessures après avoir été hospitalisés dans un « état critique ».
Les trois autres jeunes blessés sont un garçon et deux filles âgés de quatorze à quinze ans. L’une des victimes a pu rentrer chez elle après avoir été soignée, ont souligné les médecins.
Pendant plus d’une heure, les forces de l’ordre avaient ratissé en vain la zone résidentielle environnante et les collines voisines du lycée à la recherche du tireur, dont on pensait qu’il avait pris la fuite.
Mais les policiers ont visionné des images de caméras de surveillance « qui montrent clairement le suspect dans la cour en train de sortir une arme de poing de son sac à dos, ouvrir le feu sur cinq personnes puis se tirer dans la tête », a dit le capitaine Wegener.
L’arme, un pistolet semi automatique de calibre .45, a été retrouvée sur place avec le chargeur vide, et aucun autre suspect n’est recherché, a-t-il précisé.
L’enquête ne fait que commencer mais à ce stade, aucune motivation précise ou idéologie ne permet d’expliquer le geste du tireur, qui semble avoir agi seul et prémédité son geste.
Le capitaine Wegener a confirmé les informations selon lesquelles le suspect avait publié sur son compte Instagram le message suivant: « Saugus, amusez-vous bien à l’école demain ». Le message a été retiré jeudi et les enquêteurs cherchent à déterminer par qui et dans quelles circonstances.
Sur le campus du lycée, des centaines d’élèves étaient restés cloîtrés dans l’attente du feu vert des autorités.
Denzel Abesamis, en dernière année à Saugus, avait aperçu des camarades de classe s’enfuir en courant au moment où il allait se garer. Il avait alors fait demi-tour et appelé une amie qui se trouvait déjà sur le campus. Selon le Los Angeles Times, cette dernière lui a dit qu’il y avait un tireur et qu’elle se cachait dans une salle de classe avec cinq autres élèves.
« J’ai toujours eu peur que quelque chose comme ça arrive », a-t-il dit.
Amber Miller, élève du lycée, a raconté aux télévisions comment elle s’est couchée au sol, toutes lumières éteintes dans sa classe, avec ses camarades lorsque les coups de feu ont retenti.
« On a utilisé nos pupitres et pris de grandes tables pour barricader la porte. Et beaucoup ont pris des ciseaux pour être prêts si on devait se défendre » comme on le leur a appris lors d’exercices de sécurité, a-t-elle expliqué.
« Je ne devrais pas me rendre à l’école et craindre pour ma vie, je ne suis pas une cible, et malheureusement c’est l’Amérique de Trump », a estimé la lycéenne.