Le récent séisme en Ardèche pourrait être lié à l’exploitation d’une carrière de l’entreprise Lafarge située à proximité de l’épicentre. Cette hypothèse est actuellement analysée par les chercheurs.
Les origines du séisme qui a causé d’importants dégâts dans le sud-est de la France le 11 novembre restent encore floues. Cette secousse d’une magnitude de 5,4 a ébranlé les alentours de Montélimar, dans la Drôme et l’Ardèche, blessant au moins quatre personnes.
Les scientifiques n’excluent pas l’hypothèse d’un «séisme déclenché», ayant donc pour origine une activité humaine, révèle Le Point. Une carrière de ciment du groupe LafargeHolcim, située à proximité de la commune du Teil particulièrement touchée par le séisme du 11 novembre, pourrait être en cause.
Une équipe de chercheurs comportant notamment des sismologues et un collaborateur de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) s’est rendue sur place. Ces experts n’excluent pas que la carrière soit liée à ce séisme, selon des documents que s’est procurés Le Point. «Rien n’est établi, mais c’est quelque chose qui nous intéresse», a indiqué au Parisien le sismologue Bertrand Delouis qui dirige cette «cellule post-sismique».
L’extraction de la roche dans une carrière allège les structures se trouvant au-dessus de la surface, ce qui fragilise les sous-sols, a expliqué au Parisien Florent Brenguier de l’Institut des sciences de la Terre (ISTerre) de Grenoble.Les experts analyseront plusieurs critères pour trouver un éventuel lien entre la carrière et le séisme, explique Jean Schmittbuhl, directeur de recherche au CNRS et membre du Réseau national de surveillance sismique (RéNaSS).
Les images satellite ont montré que la carrière est située au-dessus de la rupture, qui s’est produite à faible profondeur, entre un et trois kilomètres, ce qui étonne les scientifiques. Car en France, «les séismes se situent généralement entre 5 et 20 kilomètres de profondeur. Une faible profondeur est une particularité que l’on retrouve lors des séismes induits par l’activité humaine», souligne Jean-Robert Grasso, membre du laboratoire ISTerre, cité par Le Point.
Ce séisme rappelle d’autres cas semblables dans le monde. L’exploitation de carrières, de gisements de pétrole ou de mines à ciel ouvert ont pu contribuer au déclenchement de tremblements de terre dépassant parfois la magnitude de 4,5. «Des exemples bien connus ont eu lieu près de carrières dans l’État de New York dans les années 1970, et en Pennsylvanie (vallée de Cacoosing) dans les années 1990, a expliqué au Point Jean-Robert Grasso. Il y a également des cas autour de gisements de pétrole en Californie dans les années 1990 ou en Ouzbékistan dans les années 1980.»
Un groupe de chercheurs mandaté par le CNRS évaluera la probabilité que l’activité de la carrière soit à l’origine du déclenchement du tremblement de terre.