Le Sri Lanka votait samedi pour élire son président, un scrutin sous tension susceptible de permettre le retour au pouvoir du clan redouté des Rajapaksa qui a gouverné l’île d’une main de fer pendant une décennie.
Presque cinq ans après la défaite électorale de Mahinda Rajapaksa, son petit frère Gotabaya, 70 ans, est en compétition avec le candidat du parti au pouvoir, Sajith Premadasa, pour diriger l’État sri-lankais durant le prochain quinquennat.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 locales dans le pays d’Asie du Sud et fermeront à 17H00 (01H30-11H30 GMT). Près de 16 millions d’électeurs sont appelés aux urnes. Les résultats devraient être connus dimanche, voire lundi si le score est serré.
Quelques heures avant le début du vote, des hommes armés ont ouvert le feu sur un convoi d’une centaine de bus transportant des électeurs musulmans, sans faire de victimes, a annoncé la police.
Dans la zone à majorité tamoule du nord du pays, électorat défavorable aux Rajapaksa, la police a signalé à la commission électorale des barrages illégaux de l’armée qui pourraient empêcher des électeurs d’aller voter. Les forces de l’ordre ont également arrêté 10 hommes suspectés « d’essayer de créer des troubles ».
Avant même l’ouverture du scrutin, de longues queues d’électeurs s’étiraient devant les bureaux de vote.
Lieutenant-colonel à la retraite, Gotabaya Rajapaksa est pour cette élection le représentant de la puissante famille des Rajapaksa. L’ancien militaire était l’une des clés de voûte du régime de son frère Mahinda (2005-2015), empêché par la Constitution actuelle de se présenter, et son élection marquerait le retour aux affaires de la fratrie.
En tant que plus haut responsable du ministère de la Défense à l’époque, Gotabaya commandait de fait les armées sri-lankaises au moment de l’écrasement de la rébellion séparatiste tamoule en 2009. 40.000 civils tamouls ont péri au cours de cette ultime offensive, selon les défenseurs des droits humains qui accusent les Rajapaksa de crimes de guerre.
Ce bain de sang avait sonné la fin de 37 ans de guerre civile, qui a fait 100.000 morts, et vaut aux Rajapaksa d’être adulés au sein de la majorité ethnique cinghalaise, mais détestés et craints par la minorité tamoule qui constitue 15 % des 21,6 millions de Sri-Lankais.
« Gotabaya protègera notre pays, nous le connaissons bien », a déclaré à l’AFP Wasantha Samarajjeew, un ouvrier de 51 ans venu voter à Colombo.