La commission des États-Unis sur la liberté de religion internationale (USCIRF) s’est félicitée des efforts gouvernementaux dans le cadre des recherches de l’ex-agent du FBI Robert Levinson, disparu il y a 12 ans sur l’île iranienne de Kish. Selon un expert iranien, ces déclarations contredisent la réalité.
La commission des États-Unis sur la liberté de religion internationale (USCIRF) a annoncé une avancée décisive dans les recherches pour retrouver l’ex-agent du FBI américain Robert Levinson, disparu en mars 2007 sur l’île iranienne de Kish.
«À la suite d’initiatives parallèles de la Maison-Blanche, du département d’État et du FBI, le gouvernement iranien a confirmé pour la première fois qu’il menait une audience publique sur Levinson, le considérant comme une personne disparue», a signalé le site de la commission.
Le commissaire de l’USCIRF, Andy Khawaja, a salué les efforts intensifiés du gouvernement américain afin de localiser Robert Levinson. Il estime que la récompense pour des informations sur Robert Levinson, réévaluée à la hausse par le département d’État, conjuguée à l’isolement international et aux lourdes sanctions imposées à l’Iran, convaincront le gouvernement iranien de le libérer.
Le spécialiste iranien de la politique internationale et des États-Unis Mojtaba Jalaizadeh (Université islamique Azad) a signalé à Sputnik que les déclarations du commissaire Khawaja étaient trop contradictoires et ne correspondaient pas aux faits établis.
«En 2007, Robert Levinson a disparu dans un hôtel de l’île de Kish. C’est l’affaire la plus étrange et compliquée eu égard à la disparition d’un agent spécial des États-Unis dans un pays du tiers-monde. Cet incident a fait monter d’un cran l’hostilité entre l’Iran et les États-Unis. En réalité, l’information n’a jamais été confirmée officiellement par l’Iran, aussi bien sur sa disparition que sur sa détention éventuelle par le renseignement iranien. Même l’ancien porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest avait déclaré, dès 2016, en se basant sur ses sources, qu’il n’y avait pas de Levinson en Iran», a expliqué l’expert.
En 2017, la femme et les enfants de l’ancien agent du FBI ont intenté une action contre l’Iran auprès d’un tribunal de district de Washington, demandant de réparer le préjudice moral causé par la disparition de ce père de famille.
Mojtaba Jalaizadeh explique ce rebondissement de l’affaire Levinson par son lien étroit avec l’accord sur le nucléaire iranien et par son impact négatif sur la réputation de la CIA.
«Le fait que l’affaire Levinson refasse surface démontre la profondeur de la crise dans les relations entre les deux pays [les États-Unis et l’Iran, ndlr], entre lesquels les échanges de prisonniers politiques ont eu lieu à maintes reprises depuis la signature du Plan d’action global conjoint en 2015… Le destin de Levinson est étroitement lié à l’accord nucléaire. Son dossier et le Plan d’action global sont les deux principaux sujets de discussion sur l’axe iranien, c’est pourquoi la semaine dernière, Donald Trump a discuté de l’accord nucléaire conjointement avec le dossier Levinson, très important pour la CIA. Il n’y a pas de détails supplémentaires là-dessus», a résumé l’expert.
Avant de conclure: «Si Levinson est détenu par les autorités iraniennes, cela ternira le prestige de la CIA, car l’Iran aura un avantage sur le renseignement des États-Unis permettant d’avoir plus d’informations sur leur politique étrangère».
Robert Levinson, 67 ans, a disparu dans de mystérieuses circonstances en mars 2007, alors qu’il était déjà retraité du FBI depuis une dizaine d’années, sur l’île de Kish, dans le Golfe. Il était également conseiller de la CIA.