Les députés de l’opposition ont critiqué le gouvernement pour avoir présenté un projet de loi « non révolutionnaire » concernant le budget pour l’année prochaine, alors que le débat sur le principal document financier du pays se déroulait au Parlement vendredi.
L’opposition a affirmé que le document manquait de programmes ambitieux et de réformes radicales. D’après elle, il se repose sur l’inertie des années précédentes.
Le projet de loi de finances prévoit une augmentation considérable des dépenses publiques, qui s’élèveraient à 1 88 milliard de drams (3,9 milliards de dollars). Les recettes fiscales du gouvernement devraient augmenter tout autant. Ces objectifs sont basés sur l’hypothèse selon laquelle l’économie arménienne devrait connaître une croissance de 4,9% en 2020.
Lors de la présentation du projet de budget de l’État pour 2020 au Parlement le mois dernier, le Premier ministre Nikol Pachinian a déclaré que le gouvernement avait opté pour une projection de croissance « conservatrice » afin de maintenir la « stabilité macroéconomique » dans le pays. La croissance économique réelle de l’année prochaine pourrait bien dépasser cette prévision, a-t-il expliqué aux membres des commissions économiques du Parlement.
« Je pense que la révolution économique en Arménie prend de l’ampleur, s’est félicité Pachinian. C’est une réalité et cette révolution est maintenant facile à voir. »
S’exprimant face au Parlement vendredi, Mane Tandilian, membre de Lumineuse Arménie et qui préside le comité permanent du crédit financier et des affaires budgétaires, a établi des comparaisons avec la Géorgie voisine.
« La Géorgie a connu une croissance économique de 11,1 % en 2003, année d’une révolution dans ce pays. Au cours des années suivantes, jusqu’à la crise de 2008, l’économie de la Géorgie a connu une croissance moyenne de 9,7 % par an. À quel point ce projet de loi budgétaire est-il révolutionnaire ? Il est plus juste de parler de conservatisme, et encore cela est la description la plus modérée », a commenté la députée de l’opposition.
Tandilian a également noté un faible taux de croissance des investissements dans le pays, malgré « les assurances du gouvernement selon lesquelles il n’y a aucun obstacle pour les investisseurs ».
« Au cours de ces deux dernières années, la croissance des investissements n’a pas dépassé 6,7 %. Si nous prenons l’exemple sur la Géorgie post-révolutionnaire, le volume des investissements dans ce pays a été multiplié par 2,5 pour atteindre un milliard de dollars. Je vous laisse le soin de juger », a-t-elle lancé.
Arman Babajanian, qui n’est affilié à aucune faction parlementaire, a souligné qu’au cours de la Révolution de velours de 2018, les citoyens arméniens ont donné le mandat à la force dirigeante actuelle de mener « des réformes systémiques drastiques dans le pays ».
« Mais le projet de loi sur le budget de l’Etat de l’année prochaine est dépourvu d’un tel contenu, a-t-il regretté. Cela préserve en grande partie l’esprit d’inertie. Le financement sur différents sujets et dans différentes directions poursuit simplement l’objectif d’assurer la continuation de l’inertie antérieure. Le projet de loi budgétaire manque de programmes ambitieux et de réformes systémiques drastiques, il manque d’une manière générale de créativité et d’innovation. ”
Hayk Gevorkian, de la faction progouvernementale Mon pas, a rétorqué : « Sur la période 2013 – 2017, le PIB nominal n’a augmenté que de 400 millions de dollars. De 11,1 milliards de dollars, il est passé à 11,5 milliards de dollars. Si nous le divisons entre cinq ans, nous n’obtiendrons qu’une croissance annuelle moyenne du PIB de 0,7 %. Au cours des deux années suivant la Révolution – en 2019 et 2020 -, nous aurons un PIB d’environ 14,7 milliards de dollars. En d’autres termes, la croissance atteindra environ 20 % ».