Emmanuel Macron ouvrira solennellement mardi le 19 novembre le Congrès des maires de France, devant plusieurs milliers d’élus toujours remontés malgré les efforts de l’exécutif pour retisser les liens à quatre mois des municipales.

Changement de pied. En 2018, le chef de l’Etat avait fait l’impasse sur le rendez-vous avec les maires Porte de Versailles à Paris, dans un climat tendu avec les élus locaux.

Depuis, il s’est appuyé sur les maires lors du grand débat national pour sortir de la crise des « gilets jaunes » et multiplie les signes en direction des élus, au moment où le Parlement examine un projet de loi qui se veut une réponse à leurs attentes.

Transition écologique, défense des valeurs de la République, et des services publics: sur tous ces sujets « le président de la République et les maires sont dans le même bateau, le bateau France », a fait valoir le ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu mardi sur France Inter.

Emmanuel Macron a donné le coup d’envoi de la séquence dès lundi soir à l’Elysée en décorant quatre maires de la Légion d’honneur. Parmi eux, l’ancien secrétaire national du PCF Robert Hue dont le président a dit être « toujours admiratif » de l' »engagement ».

Un accueil respectueux sera réservé par les maires au chef de l’Etat, assure le président de l’Association des maires de France (AMF), François Baroin (LR).

Les deux hommes se sont entretenus la semaine dernière pour préparer l’ouverture de ce 102e congrès de l’AMF, le dernier avant le scrutin de mars et la fin de la mandature des maires élus en 2014.

Emmanuel Macron veut « retrouver le dialogue de proximité qui est l’héritage du grand débat » et son discours portera sur « les grands enjeux » pour la seconde partie du quinquennat, indique la présidence. Il est très attendu sur ses intentions en matière de décentralisation, avant la nouvelle étape annoncée pour 2020. Un domaine où, selon le président de l’AMF, « tout est à écrire » entre l’Etat et les collectivités.

Mercredi soir, le chef de l’Etat recevra, comme en 2018, environ 1.500 maires à l’Elysée et le Premier ministre Edouard Philippe interviendra « sur le volet opérationnel » jeudi en clôture du congrès.

Le changement de ton entre les maires et l’exécutif n’a pas effacé les motifs de mécontentement. Les élus n’ont toujours pas digéré la suppression de la taxe d’habitation qui affaiblit selon eux le lien entre la commune et les citoyens. Son montant sera entièrement compensé, « à l’euro près », a de nouveau assuré M. Lecornu.

Autre point de friction: la répartition des compétences – notamment sur l’eau et l’assainissement – entre les communes et des intercommunalités dans lesquelles de nombreux maires se sentent dépossédés de leur pouvoir.

« Des mots doux ont certes été prononcés » mais « le fond reste le même », déplore le secrétaire général de l’AMF, Philippe Laurent (UDI), dans une tribune parue dans Le Monde de mardi.

A l’approche du congrès, le gouvernement défend son action en faveur des territoires: 760 millions d’euros ont été investis depuis 2018 dans « Action coeur de ville » pour revitaliser les centres bourgs, souligne la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault.

460 « Maisons France services », réunissant des administrations (Poste, allocations…), doivent également être labellisées début 2020, pour réduire les inégalités entre les territoires.

Pendant le congrès des maires, l’Assemblée nationale examinera jusqu’à vendredi le projet de loi « Engagement et proximité » pour faciliter la vie des élus. Le projet se veut une réponse concrète aux attentes des maires exprimées lors du grand débat, en particulier ceux des communes rurales.

Mais le président du Sénat, Gérard Larcher, a fait monter la pression en déclarant lundi qu’il n’y aurait pas d’accord au Parlement « sans évolution sur plusieurs points durs », après que la commission des Lois de l’Assemblée a chamboulé la version adoptée en première lecture au Sénat.

Appelant M. Larcher à « garder une tonalité la plus sobre possible », M. Lecornu a promis « un avis favorable » du gouvernement au souhait des sénateurs d' »augmenter les plafonds » d’indemnités des maires, en promettant aussi une mesure « d’autonomie de chaque commune dans la fixation de ces indemnités ».