« Nous n’avons que Dieu », se lamente Souad Simon qui a dû quitter son village majoritairement assyrien et prie chaque jour pour son mari, resté le défendre avec d’autres miliciens chrétiens face à une opération militaire turque dans le nord-est syrien.
Comme cette femme de 56 ans à la silhouette frêle, les chrétiens assyriens de la région du Khabour qui ont déjà subi en 2015 l’invasion du groupe Etat islamique (EI) -et qui n’ont pas choisi la voie de l’exil- voient d’un oeil inquiet l’armée turque s’avancer vers eux.
Il y a quelques jours, Souad a dû fuir son village de Tal Kefji, à proximité des combats, pour trouver refuge chez des proches dans la localité de Tal Tamr, six kilomètres plus loin.
Car malgré deux accords de cessez-le-feu, des affrontements sporadiques dans le nord-est syrien opposent toujours les forces turques et leurs supplétifs syriens aux combattants kurdes et leurs alliés, notamment dans le Khabour, non loin de la frontière avec la Turquie.
« Nous, les femmes, avons quitté les lieux car nous avions peur des bombardements », lâche Souad, assise dans la cour d’une maison en terre, où elle a allumé des cierges à l’intention de son mari.
« J’ai laissé derrière moi de nombreux souvenirs (…) mon époux, ma maison, la famille et les voisins », regrette-t-elle.
Son mari a rallié la petite milice chrétienne des « Gardiens du Khabour », qui défend cette région regroupant une trentaine de villages assyriens le long de la rivière du même nom, avec l’aide de l’alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Cette coalition est dominée par les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) et c’est pour éloigner de sa frontière les YPG, qu’elle considère comme « terroristes », qu’Ankara a lancé le 9 octobre une offensive en Syrie.