L’ambassadeur Gordon Sondland, acteur-clé de l’affaire ukrainienne au cœur de la procédure d »impeachment » qui vise Donald Trump, passe sur le gril du Congrès des États-Unis, mercredi 20 novembre.
Cet homme d’affaires nommé ambassadeur après avoir financé la campagne de Donald Trump est un témoin direct, qui s’est régulièrement entretenu avec le président américain de sa politique ukrainienne.
L’audition télévisée de Gordon Sondland est importante à plusieurs titres. L’une des lignes de défense des républicains est de moquer une accumulation de témoignages de seconde main : voilà un homme au cœur de la diplomatie entre Kiev et Washington.
Les démocrates espèrent que Gordon Sondland confirmera que le milliardaire républicain a bien conditionné la reprise d’une aide militaire gelée par Washington au lancement, par Kiev, d’une enquête visant indirectement Joe Biden, possible adversaire démocrate de Donald Trump lors de la présidentielle de 2020. Cette pression sur Kiev, si elle était prouvée, constituerait selon eux un « abus de pouvoir » passible de destitution.
Au vu des différents témoignages déjà obtenus par les parlementaires, l’ambassadeur Sondland est dépeint au centre d’une diplomatie parallèle avec l’Ukraine, mise en place par l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, et qui ne répond qu’au milliardaire républicain. Avec l’envoyé américain pour l’Ukraine, Kurt Volker, et le ministre américain de l’Énergie Rick Perry, Gordon Sondland forme un trio qui se surnomme les « Three Amigos », du nom d’une comédie potache des années 1980.
L’audition de Gordon Sondland est d’autant plus attendue, que l’homme a eu jusqu’ici quelques problèmes de mémoire. Lors de sa première déposition, mi-octobre à huis clos, l’ambassadeur avait esquivé de nombreuses questions, expliquant ne plus se rappeler de réunions ou d’échanges téléphoniques pourtant rapportés par d’autres témoins. Il avait par exemple assuré n’avoir « pas participé » à des actions visant à « geler de l’aide afin de faire pression » sur Kiev. Selon lui, une telle attitude serait « inappropriée », voire « illégale », si elle avait comme but « d’influencer une élection américaine ». Mais face aux contradictions, il s’est subitement souvenu d’une conversation avec Andreï Yermak, un conseiller du président ukrainien.
Les membres du Congrès vont aussi l’interroger sur un autre épisode passé sous silence.
Selon un employé de l’ambassade américaine à Kiev, Gordon Sondland s’est entretenu au téléphone avec Donald Trump depuis un restaurant de la capitale ukrainienne le 26 juillet, le lendemain de l’appel controversé avec Volodymyr Zelensky. « J’ai entendu le président Trump demander : ‘alors, il va lancer l’enquête ?’. L’ambassadeur Sondland a répondu : ‘il va le faire’, ajoutant que le président Zelensky ferait ‘tout ce que vous lui demandez’ », a-t-il raconté.
Le coup de fil terminé, a poursuivi ce témoin, Gordon Sondland lui a expliqué que Donald Trump « s’en fichait de l’Ukraine » car il ne s’intéressait qu’aux « choses importantes qui profitent au président », comme « l’enquête Biden ».
Même si l’ambassadeur a pris soin de préciser que le président lui avait toujours assuré qu’il n’y avait « aucun donnant-donnant » à visée électorale, le camp républicain a déjà commencé à minimiser l’importance des liens entre les deux hommes.