Le prince Andrew, frère du prince Charles, s’est longuement exprimé sur la BBC à propos de sa relation avec le financier américain, Jeffrey Epstein, qui a mis fin à ses jours le 10 août, accusé d’avoir impliqué des mineures dans des activités de prostitution. Les médias ont jugé l’interview «désastreuse», au point d’humilier la famille royale.
Le prince Andrew a été invité à s’expliquer sur ses liens avec le financier américain Jeffrey Epstein, ainsi que sur sa propre implication présumée dans une affaire de viol sur mineure. L’interview, de près d’une heure, qui a été diffusée dans la soirée du samedi 16 novembre sur la BBC, a provoqué un tollé du côté de la presse britannique, qui affirme qu’elle a plongé la famille royale dans l’embarras.
«Il [le prince Andrew, ndlr] n’avait pas l’air conscient du sérieux de l’affaire, riant et souriant à plusieurs reprises pendant l’interview (…) et n’exprimant aucun regret ou inquiétude envers les victimes d’Epstein», a estimé The Guardian.
«Je n’ai jamais rien vu d’aussi désastreux (…). Cette interview peut servir d’exemple à des étudiants sur ce qu’il ne faut pas faire», a déclaré à l’AFP Mark Borkowski, consultant en relations publiques et communication.
Durant l’interview, le fils cadet d’Elizabeth II a néanmoins reconnu qu’Epstein s’était comporté de manière «peu convenable». «Peu convenable?», a répété Emily Maitlis, la journaliste de la BBC, «Il était un délinquant sexuel!», lui a-t-elle fait remarquer.
Le prince Andrew était également venu se défendre face aux accusations de Virginia Roberts -devenue Giuffre- dans le cadre de l’affaire Epstein. Celle-ci aurait été forcée d’avoir des relations sexuelles avec le prince en 2001, alors qu’elle n’avait que 17 ans, puis à deux reprises à New York et sur une île privée appartenant au financier américain. Le duc d’York affirme n’avoir «aucun souvenir» d’elle. «Je peux catégoriquement, absolument vous dire que ce n’est pas arrivé», a-t-il déclaré à la BBC.
À propos d’une photo le montrant la main posée sur la jeune fille en question, il a rétorqué qu’il pourrait s’agir d’un montage. Interrogé également à propos de son alibi le jour des faits, il a affirmé qu’il se trouvait dans une pizzeria à Woking, au sud de Londres. Lorsque la journaliste lui a demandé pourquoi il s’en rappelle encore 20 ans plus tard: «Simplement parce que c’est une chose inhabituelle pour moi, ce n’est pas vraiment moi».
Enfin, alors que Virgina Roberts le décrivait comme «transpirant abondamment», le prince a démenti. Selon lui, c’est impossible puisqu’une montée d’adrénaline, lorsqu’il a été visé par des tirs lors de la guerre des Malouines en 1982, aurait engendré chez lui une incapacité à transpirer.
Sa réponse n’a pas convaincu la presse: «Les chevaux suent, les hommes transpirent, mais les membres de la famille royale ne font que briller», titrait le lendemain le Sunday Times dans un éditorial.
Selon plusieurs médias, le conseiller presse du prince aurait quitté ses fonctions. Plusieurs sponsors, dont le cabinet de conseil et d’audit KPMG, ont souhaité se retirer des diverses organisations philanthropiques présidées par le prince Andrew, et plusieurs universités, dont l’université de Huddersfield, où il occupe un poste de président honoraire, ont affirmé leur volonté de rompre les liens avec ce membre de la famille royale.
Jeffrey Epstein a été retrouvé mort à l’âge de 66 ans dans sa cellule le 10 août 2019. Il avait été arrêté le 6 juillet aux États-Unis, accusé d’avoir organisé un vaste réseau d’exploitation sexuelle de mineures. Il aurait eu des relations sexuelles avec des mineures dans ses résidences à New York et en Floride, certaines d’entre elles n’avaient pas 14 ans. Outre le prince Andrew, il avait des liens avec d’autres personnalités puissantes comme Bill Clinton et Donald Trump.