Seule une approche systémique s’appuyant sur un partenariat global de tous les acteurs de la société, qu’ils soient éducatifs, sociaux, policiers ou judiciaires, permettra de lutter efficacement contre les violences à l’égard des femmes.
Telle est la conclusion qui a émergé mercredi d’un colloque sur cette thématique organisé par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec plusieurs intervenants. Devant une centaine de participant.e.s, la juge madrilène Maria Gavilan Rubio a notamment détaillé la « loi organique intégrale » adoptée en 2004 en Espagne pour lutter contre les violences faites aux femmes. Cette loi rassemble, dans un seul et même texte, diverses dispositions en matière de prévention, notamment par l’éducation des plus jeunes ou l’élimination des images et publicités sexistes. Elle prévoit ausi un renforcement du code pénal face aux violences machistes, la création de tribunaux spécialisés, la mise sur pied d’un observatoire étatique sur les violences, ainsi que des mesures de protection des victimes, entre autres par le placement de bracelet électronique pour maintenir l’agresseur à distance minimale de sa victime. « Mais c’est l’enseignement qui est crucial pour éviter la casse et parvenir à plus d’égalité et le respect des droits de l’homme », a insisté la juge espagnole. Egalement invité à s’exprimer, Eric Corbeaux, procureur de la République à Pontoise a lui détaillé les mesures mises en place dans le département du Val d’Oise (France) pour lutter contre les violences envers les femmes. L’option y a notamment été prise d’assurer une réponse judiciaire systématique à tous les faits de violences intra-familiales, et de choisir à chaque fois la qualification pénale la plus haute possible pour les faits commis. La justice retient en outre tout aussi systématiquement les éventuelles circonstances aggravantes à charge des auteurs, comme la présence d’enfants mineurs lors de ces violences. Le Val d’Oise fut aussi un des pionniers en France pour le déploiement de « téléphones grand danger » qui permettent aux femmes menacées par leur (ex-)conjoint d’appeler au besoin les secours par une simple et unique pression sur l’appareil, a-t-il expliqué. En Belgique, où l’on a dénombré plus de vingt féminicides depuis le début de l’année, les choses bougent aussi. A l’initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, plusieurs mesures ont été prises ces dernières années, notamment en matière de sensibilisation du grand public, mais aussi dans l’assistance aux victimes dont 15 à 20% seulement déposent plainte. Suite à la ratification par la Belgique de la convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes, trois centres multidisciplinaires de prise en charge des violences sexuelles ont par ailleurs vu le jour à Bruxelles, Gand et Liège. Trois autres devraient suivre prochainement à Charleroi, Louvain et Anvers. Lancé fin 2017, le centre bruxellois, situé au 320 rue Haute (CHU Saint-Pierre), a traité un millier de victimes cette année, dont 90% de femmes, ont expliqué mercredi Anna Maerten, sage-femme légiste, et Céline Janssens, psychologue, employées toutes deux par cette structure. Celle-ci offre une assistance sociale, médicale mais aussi judiciaire aux victimes de violences sexuelles qui peuvent s’y faire soigner, mais également déposer plainte, le tout en un seul et même endroit. Ce centre, ont souligné les intervenantes, est toutefois loin de satisfaire tous les besoins d’assistance en Région bruxelloise, ces moyens limités ne lui permettant que de travailler actuellement que pour les seules victimes que lui envoie la zone de police de Bruxelles-ville.