Tout un réseau de faux médias, dont une importante branche se trouve au Canada, diffusait des articles présentant l’Inde sous un angle avantageux au détriment du Pakistan. Le réseau appartient à un homme d’affaires indien, selon une enquête de Radio-Canada.
Un important réseau international de faux médias diffusant des articles favorables au gouvernement indien a des nombreuses ramifications au Canada, révèle une enquête de Radio-Canada.
Ce réseau consiste en un total de 265 sites Internet dans quelque 65 pays, d’après l’organisme sans but lucratif EU Disinfo Lab qui dépiste la désinformation visant l’Union européenne.
Au moins 19 de ces sites se faisaient passer pour des médias canadiens, en empruntant les noms de vrais médias n’existant plus comme le Toronto Evening Telegram. Radio-Canada a en outre découvert 12 autres sites appartenant à ce même réseau mais ayant déjà été supprimés ou n’ayant jamais eu de contenu.
Certains de ces faux médias existaient depuis au moins 2010. Au cours de ces derniers jours, Twitter semble avoir suspendu de nombreux comptes associés au réseau, dont celui d’EP Today, décrit comme un magazine consacré aux nouvelles émanant du Parlement européen, et celui de 4news Agency, précise Radio-Canada. Depuis le rapport de l’EU Disinfo Lab, tous les articles ont été supprimés du site d’EP Today.Tous les sites de ce réseau appartiennent au Srivastava Group, basé en Inde et fondé par l’homme d’affaires Ankit Srivastava, comme l’a établi l’outil d’analyse DomainTools. Certains de ces sites ont été enregistrés en utilisant l’adresse d’une maison d’Edmonton, en Alberta, précise Radio-Canada.
Le réseau publiait notamment des articles critiquant le Pakistan, adversaire historique de l’Inde.
La page Facebook du média New Delhi Times, dont le rédacteur en chef est Ankit Srivastava, ne génère presque pas d’interactions alors qu’elle compte 1,2 million d’abonnés. Or, de nombreux journalistes contactés en Inde par Radio-Canada ont affirmé n’avoir jamais entendu parler du New Delhi Times avant une visite controversée d’eurodéputés de droite au Cachemire en octobre, incluant une rencontre avec le Premier ministre indien. Selon les médias locaux, cette visite avait été financée par deux ONG ayant des liens avec M. Srivastava.Radio-Canada a tenté de joindre l’homme d’affaires sur ses différents numéros de téléphone et adresses électroniques, sans jamais obtenir aucune réponse.
La visite en question, perçue comme bénéfique pour le gouvernement indien, a eu lieu alors qu’il empêche les journalistes et les organismes d’aide de se rendre au Cachemire. En août, un couvre-feu y a été décrété et a l’accès à Internet y a été coupé.