Le guide Michelin avait retiré à Marc Veyrat sa 3e étoile en janvier pour son restaurant La Maison des Bois : le chef cuisinier savoyard réclame devant la justice mercredi « la trace des débats » expliquant ce déclassement.
Fait rarissime, si ce n’est unique, le célèbre cuisinier au chapeau noir exige notamment devant le tribunal de grande instance de Nanterre des éclaircissements sur les méthodes d’évaluation et la formation des inspecteurs du guide gastronomique qui ont présidé à la rétrogradation de son établissement de Manigod (Haute-Savoie).
« Ce qui est en jeu, c’est l’application par le guide de son propre critère » de classement, a indiqué à l’AFP Me Emmanuel Ravanas, son avocat, avant l’audience. « On nous dit qu’il y a des règles », notamment « que pour l’attribution des plus hautes distinctions, il doit y avoir des débats au niveau européen » au sein des instances du guide. « Alors nous disons +Montrez-nous la trace de ces débats+… Mais on se heurte à un débat avec le vide », a regretté le conseil.
Absent de l’audience de référé (procédure d’urgence) devant le TGI de Nanterre mercredi, Marc Veyrat demande par ailleurs de ne plus être référencé dans les éditions ultérieures du Michelin, ce que le guide refuse. Il réclame également un euro symbolique pour le préjudice subi.
Après le déclassement de son établissement, le cuisinier s’était en effet dit en « dépression ».
« La justice a autre chose à faire que de soigner l’ego démesuré de M. Veyrat qui s’intéresse aux conditions d’attribution des étoiles quand il les perd et bizarrement jamais quand il les gagne », a estimé avant l’audience Me Richard Malka, l’avocat du guide gastronomique, interrogé par l’AFP.
« M. Veyrat serait-il mauvais perdant? », s’est encore interrogé le conseil, indiquant défendre pour sa part « la liberté de critique d’un homme public, surtout quand il propose des repas à 500 euros ».
Dénonçant une procédure abusive, le Guide Michelin réclame au chef cuisinier 30.000 euros de dommages et intérêts.
La procédure judiciaire aurait notamment pour origine des propos selon lesquels un inspecteur aurait décelé du cheddar dans l’un de ses plats, a expliqué le chef cuisinier qui se targue de n’utiliser que des produits de son terroir natal.
Des propos « invraisemblables et inventés de toutes pièces », selon la partie adverse.
La Maison des Bois fait toujours partie, dans l’édition 2019 du guide, des 85 restaurants français bénéficiant de deux étoiles.