Les Restos du cœur lancent mardi leur campagne d’hiver de distribution de repas dont bénéficient un nombre croissant d’étudiants, récemment mobilisés dans les universités contre la précarité.
Nés d’une « petite idée » de Coluche il y a près de 35 ans, les Restos ont accueilli 30.000 étudiants en 2018. Au total, 51 % des bénéficiaires ont moins de 26 ans et 39 % sont mineurs.
« Parents en manque de moyens, ruptures familiales, bourses insuffisantes, on accueille de plus de plus de jeunes et parmi eux, de plus en plus d’étudiants », s’inquiète le président de l’association, Patrice Blanc.
« La moitié des jeunes que nous recevons ont des problèmes de logement précaire, notamment car les bourses ne permettent pas de faire face », souligne-t-il.
Ces difficultés ont été récemment mises en lumière par la tentative d’immolation par le feu, le 8 novembre à Lyon, d’un étudiant de 22 ans qui avait perdu sa bourse et voulait dénoncer ses conditions de vie.
Ce drame, qui a agi comme un révélateur de la précarité étudiante, a provoqué des mobilisations parfois ponctuées d’incidents sur des campus à Paris, Lyon, Lille et Toulouse. Une nouvelle journée d’action est prévue mardi avec pour principale revendication une « réévaluation urgente » des bourses.
En visite dans un centre de l’association à Paris, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a déploré « l’accident épouvantable » survenu à Lyon, aux côtés de sa secrétaire d’Etat Christelle Dubos et du secrétaire d’Etat à la Jeunesse Gabriel Attal. Le trio a toutefois refusé d’envisager une revalorisation de ces aides au logement étudiant.
Les étudiants ont « déjà des ressources en plus », a rappelé Agnès Buzyn, grâce à la suppression de la Sécurité sociale étudiante et leur intégration au régime général, qui leur permet d’économiser « 217 euros chaque année ».
Le gouvernement travaille également à la création de « centres santé gratuits pour les étudiants dans les campus », a-t-elle fait valoir.
« Evidemment qu’il faut aller plus loin », a jugé M. Attal, en promettant des « réponses nouvelles » à l’horizon « début 2020 », lorsque la réflexion sur le futur revenu universel d’activité, dont les jeunes précaires pourraient éventuellement bénéficier, sera achevée.
Selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de 2015, près de 20 % des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté.
Les étudiants viennent donc de plus en plus grossir les rangs des quelque 900 000 bénéficiaires des Restos du coeur – dont 30 000 bébés – pour qui fin de mois rime souvent avec « fin du monde »: selon l’association, 80 % vivent avec moins de 513 euros par mois, soit la moitié du montant du seuil de pauvreté. Et 20 % sont sans ressources.
« Derrière ces chiffres, ce sont des femmes, des enfants, des familles qui vivent dans des situations de précarité inacceptables », dénonce l’association.