Un drôle de mouvement, dénommé «les Sardines», a vu le jour en Italie où il se fait de plus en plus actif. Orientées à gauche mais sans parti de référence, les «Sardines» protestent contre Matteo Salvini, dont le parti Ligue se trouve actuellement dans l’opposition. Un politologue italien a livré son analyse du phénomène.
Fondé par quatre jeunes de moins de 35 ans habitant Bologne, capitale de la région d’Émilie-Romagne, le mouvement citoyen des «Sardines» s’oppose à Matteo Salvini, dont le parti se trouve actuellement dans l’opposition. «Partout dans le monde, on manifeste sur les places contre le pouvoir, et c’est seulement en Italie, contre l’opposition», a relevé à cette occasion le chef de la Ligue sur les ondes de RTL 102.5.
«Il ne s’agit pour le moment que de protestations de rue bien organisées, les Sardines ayant réussi à mobiliser pas mal de sympathisants. On va voir les résultats des élections en Émilie-Romagne. Si le Parti démocrate perd, cela va signifier que ce mouvement n’a pas réussi», a estimé Gianfranco Pasquino, professeur honoraire de science politique à l’université de Bologne.
Et d’ajouter qu’incapable d’organiser de telles protestations, le Parti démocrate lui-même n’y était pour rien.
«Il se peut toutefois que le Parti démocrate tire profit de cette situation. Néanmoins, s’il essaie de contrôler ce mouvement, il en perdra le soutien», a relevé l’interlocuteur de l’agence.
Interrogé sur une possible ressemblance des Sardines avec le Mouvement 5 étoiles (M5S), M.Pasquino a répondu:
«Je pense qu’ils ont effectivement quelque chose en commun, ces deux mouvements exprimant le mécontentement. Et ce sont essentiellement des jeunes qui protestent à présent sur les places. Mais ils ont aussi deux différences extrêmement importantes. Tout d’abord, les Sardines n’ont pas de leader reconnu comme Beppe Grillo. C’est grâce au charisme de cet humoriste que le M5S a vu le jour. Et ensuite, la mobilisation du M5S se faisait toujours d’en haut, alors que les Sardines se rassemblent elles-mêmes, telles des bancs de poissons, que ce soit à Bologne, à Modène ou dans des villes en Sicile.»
Selon ce dernier, il s’agit d’un mouvement au sein de la société, et il exprime ce à quoi pense justement la société. Les Sardines protestent contre Matteo Salvini, personnage central de la politique italienne, mais ne proposent aucune alternative.
«Somme toute, à présent, les Sardines sont un mouvement de protestation et pas du tout un parti politique, et cette nouvelle opposition n’arrivera pas au pouvoir», a résumé l’analyste.
En opposition à Matteo Salvini, les Sardines ont réuni près de 15.000 personnes, lors de leur première manifestation à Bologne, le 14 novembre, jour où le chef de la Ligue est venu soutenir Lucia Bongorzoni, candidate des partis de droite, au poste de président de la région d’Émilie-Romagne.