Un groupe de militants écologistes a entrepris une action en justice contre le vice-premier ministre arménien Tigrane Avinian en reaction aux propos qu’il avait tenus à l’encontre de certains activistes, auxquels ils prêtaient certaines motivations ne relevant pas de l’écologie dans leur campagne contre un grand projet minier en Arménie soutenu par les Etats-Unis.
En écho à une declaration du premier ministre Nikol Pachinian, T. Avinian avait déclaré le mois dernier que la campagne serait financée par des compagnies minières arméniennes qui chercheraient à torpiller le projet d’exploitation du gisement aurifère d’Amulsar, dans la region de Djermouk, qui a attiré des centaines de millions de dollars d’investissements. La compagnie britanno-américaine Lydian International, avait entrepris l’aménagement du site minier d’Amulsar, dans le sud-est de l’Arménie, en 2016, au terme de longues procedures avec les autorités arméniennes de l’époque en vue de l’obtention d’une licence d’exploitation.
Le projet avait été stoppé en juin 2018 par la mobilisation de dizaines de militants écologistes et de residents des localités voisines, qui bloquaient depuis les axes routiers menant au site d’Amulsar. Les manifestants affirment que l’exploitation manière causerait des dommages irréversibles à l’environnement, des allegations démenties avec vehemence par les responsables de Lydian, selon lesquels la compagnie a recours aux technologies les plus modernes dans le souci de la protection de l’environnement. “Il y a des gens sincères et honnêtes qui sont convaincus que ce projet est un désastre”, a déclaré T. Avinian le 22 octobre lors d’une rencontre avec les membres de la communauté arménienne de Tbilisi en ajoutant : “Mais il y aussi des gens qui sont directement liés à certaines compagnies minières operant en Arménie, qui ont déjà investi des sommes importantes… dans cette campagne”. En réponse à ces propos, 15 militants écologistes et d’autres citoyens opposes au projet d’Amulsar ont intenté une procedure en diffamation contre T.Avinian cette semaine. Un avocat du groupe de plaignants, Gurgen Torosian, cité par RFE/RL, a indiqué que ses clients trouvaient les declarations du vice-premier ministre insultantes et lui demandaient de les retirer. L’un des plaignants, Levon Galstian, du Front environnemental arménien, a précisé que lui et ses camarades avaient opté pour l’action en justice après que le cabinet de T.Avinian eut refuse de répondre à leurs demandes d’explications.
Le bureau du vice-premier ministre a gardé le même silence le jeudi 28 novembre, concernant la plainte dont il fait l’objet, se contentant d’affirmer qu’il n’avait pas reçu de notifications officielles d’un tribunal de Erevan en charge de l’affaire. N.Pachinian, lui-même, avait aussi suggéré en août dernier que certaines compagnies minières auraient pu sponsoriser la campagne des écologistes contre Lydian en vue de torpiller le projet d’Amulsar. Il avait ajouté qu’elles espéraient ainsi s’épargner de grandes dépenses pour se complaire à la mise au normes environnementales d’une “rigidité sans precedent” que le gouvernement prévoit d’imposer à Amulsar et aux autres compagnies minières d’Arménie, dont les critères en matière de protection de l’environnement sont pour le moins peu exigeants. Lydian avait pris argument des propos de N.Pachinian pour demander aux autorités arméniennes de nommer ces compagnies minières rivales qui seraient censées financer ce que le groupe considère comme une action de blocage illégale visant son site. “Combien d’argent a-t-on utilizer pour contrer le projet Amulsar et qui a été payé ?”, s’interrogeait Lydian dans un communiqué.
En juillet 2018, Lydian avait publié un court clip video montrant le chauffeur d’une voiture censée appartenir au plus gros groupe minier d’Arménie, Zangezur Copper-Molybdenum Combine (ZCMC), livrant des vivres aux manifestants bloquant un des axes conduisant à Amulsar. Lydian avait accusé Vahe Hakobian, un ancien responsable gouvernemental lié à ZCMC, d’être impliqué dans les actions visant à bloquer ses activités en Arménia. V.Hakobian, comme la direction de ZCMC, ont récusé de telles allégations. En septembre dernier, N.Pachinian avait appelé les manifestants à mettre un terme à leurs actions de blocage sur les routes menant à Amulsar, en précisant que son gouvernement n’avait pas de “motif légal”pour interdire les operations minières sur ce site. Les manifestants ainsi que les activistes à Erevan n’ont pas obéi à cet appel. Mais le gouvernement, à ce jour, a évité de rétablir par la force l’accès au site pour permettre la reprise des operations minières de Lydian.
Lien