La rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation a affirmé jeudi que le Zimbabwe était sur le point de subir une famine «créée par l’homme», avec 60% de sa population en proie à l’insécurité alimentaire, rapporte l’AFP.
Hilal Elver a classé le Zimbabwe parmi les quatre pays dans le monde où la pénurie alimentaire est la plus forte, si on exclut ceux touchés par la guerre, à l’issue d’une visite de onze jours dans le pays.
«Le peuple zimbabwéen en arrive progressivement au moment où il va souffrir d’une famine provoquée par l’homme», a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Harare.
«Aujourd’hui, le Zimbabwe figure parmi les quatre pays où l’insécurité alimentaire est la plus élevée», a-t-elle ajouté, évoquant «le chiffre vertigineux de 5,5 millions de personnes actuellement confrontées à l’insécurité alimentaire» dans les zones rurales, en raison d’une sécheresse.
Quelque 2,2 millions de personnes subissent également une pénurie alimentaire en zone urbaine, où ils sont également privés de services publics de base, comme l’eau potable et l’accès aux soins.
«D’ici la fin de l’année, dans quelques semaines seulement, la sécurité alimentaire va continuer à se détériorer, et ce sont huit millions de personnes, selon les estimations, qui auront besoin d’une aide urgente», a affirmé Hilal Elver, qualifiant ces chiffres de «choquants».
Le Zimbabwe se débat depuis une vingtaine d’années avec une crise économique aggravée par une corruption généralisée que le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe, ne parvient pas à enrayer.
Pénuries d’eau, de carburants et de médicaments, manque cruel d’argent liquide, système de santé en ruine, la vie quotidienne se résume déjà pour ses 15 millions d’habitants à un combat pour la survie qui se décline dans tous les domaines.
L’insécurité alimentaire accroît «les risques de désordre civil», dans un pays qui était jadis un grenier pour l’Afrique, a mis en garde Mme Elver.
«Je lance un appel urgent au gouvernement et à la communauté internationale pour s’entendre et mettre fin à cette crise avant qu’elle ne se transforme en un mouvement de révolte sociale», a-t-elle souligné.
De son côté le président Mnangagwa a annoncé que le gouvernement renonçait à son projet de supprimer la subvention sur le maïs, une denrée de base dans une partie de l’Afrique australe.
«La question du mealie-meal concerne beaucoup de gens et nous ne pouvons pas retirer la subvention», a-t-il dit, faisant référence à une bouillie de maïs très consommée au Zimbabwe. «Donc je la rétablis de façon à ce que le prix du mealie-meal soit réduit».