Plus d’un millier de militants pour le climat veulent occuper une mine de charbon samedi dans le bassin de Lusace, dans l’est de l’Allemagne, un nouveau mouvement de « désobéissance civile » qui suscite une forte défiance sur place.

« Après les beaux discours et les promesses, l’année 2019 a encore été une année perdue pour le climat », a regretté mercredi face à la presse Nike Malhaus, porte-parole du mouvement anti-charbon « Ende Gelände » (littéralement « terminus » ou « fin de l’histoire »), qui organise ce blocage.

L’opération est soutenue par d’autres mouvements écologistes, à commencer par « Fridays for future », qui organisera sa propre manifestation le même jour devant une centrale électrique de la région, au lendemain de plusieurs manifestations dans toute l’Allemagne.

C’est la seconde fois cette année que « Ende Gelände » occupe une mine de charbon. En juin, le mouvement avait paralysé pendant plusieurs jours une mine de Garzweiler, près de Cologne, dans la région industrielle rhénane située dans l’ouest du pays.

Les militants dénoncent le contenu du plan climat présenté par Berlin en septembre et en cours d’examen parlementaire. Ce programme, fruit d’un difficile compromis entre conservateurs et sociaux-démocrates, prévoit une sortie du charbon d’ici 2038.

Une date que les militants écologistes jugent trop lointaine pour que l’Allemagne, déjà assurée de manquer ses objectifs climatiques pour 2020, respecte ceux de 2030.

« Ce plan est complètement vide. C’est un scandale et un crime contre les générations futures », s’est indignée Nike Malhaus. « Le gouvernement a abandonné l’objectif de 1,5°C, pas nous », a-t-elle ajouté.

Les militants d' »Ende Gelände » comptent occuper la mine de Spremberg, située dans le bassin de Lusace, une région minière de l’Etat de Brandenburg qui s’étend sur plus d’un millier de km2 entre la Pologne et l’Allemagne.

Cette mine à ciel ouvert, détenue par l’entreprise LEAG, extrait chaque année près de 22 millions de tonnes de lignite, un charbon brun exploité sur de larges surfaces et particulièrement émetteur de gaz à effet de serre.

Mais l’industrie minière, qui emploie plusieurs milliers de personnes dans les villes et villages alentours, est cruciale pour l’économie de cette régionn située dans l’ancienne Allemagne de l’est.

Le conseil municipal de Cottbus, une ville située à quelques kilomètres du bassin de Lusace, a d’ailleurs condamné le blocage par une résolution adoptée grâce à une majorité composite allant du parti d’extrême droite AfD à la gauche radicale, en passant par le SPD. Seuls les Verts se sont opposés à ce texte.

« Nous sentons un climat de défiance envers notre mouvement sur place », concède Nike Malhaus. « Mais nous ne visons pas les gens de Lusace avec cette action. D’ailleurs, nous avons beaucoup de militants ici, il n’est donc pas vrai de dire que tous les habitants de la région sont en faveur du charbon », assure-t-elle.

La forte présence de l’extrême droite dans la région fait par ailleurs craindre des débordements, alors qu’un rassemblement soutenu par l’AfD était organisé vendredi pour dénoncer le blocage.

Le mouvement anti-charbon a gagné en importance en Allemagne depuis que la sortie du nucléaire, décidée en 2011 dans la foulée de la catastrophe de Fukushima, a prolongé la dépendance du pays à ce minerai.