Les Irakiens ne retournent pas chez eux même si le premier ministre démissionne

Rien ne semble pouvoir arrêter la contestation des Irakiens. Ils sont de nouveau dans la rue samedi et bloquent des routes à Bagdad et dans le Sud, malgré l’intention du Premier ministre de démissionner et les centaines de morts dans les violences.

Adel Abdel Mahdi, qui dirige depuis un an le gouvernement d’un des pays les plus riches en pétrole du monde, mais aussi l’un des plus corrompus, doit encore transformer son annonce en acte, mais pour la rue, sa démission ne suffira pas.

« On continue le mouvement, la démission d’Adel Abdel Mahdi n’est que la première étape, il faudra ensuite limoger et juger tous les corrompus », a lancé à l’AFP un protestataire à Diwaniya.

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Dans cette cité du Sud, les manifestants sont à nouveau descendus par milliers dans la rue pour réclamer « la chute du régime », comme à al-Hilla et Kout, après avoir reçu un soutien de poids du grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak, qui a appelé le Parlement à remplacer le gouvernement de M. Abdel Mahdi.

A Nassiriya, à feu et à sang avec des tirs à l’arme automatique des forces de sécurité et des QG de la police incendiés par les manifestants ces derniers jours, une épaisse fumée noire s’élève le matin au-dessus des ponts.

Des manifestants ont brûlé des pneus en travers de ces ouvrages enjambant l’Euphrate dans la ville qui borde les ruines de l’antique Ur. Des centaines d’autres se pressent sur une place du centre-ville.

Vendredi et jeudi, à Nassiriya et dans la ville sainte chiite Najaf, également au Sud, 67 personnes ont été tuées par des tirs des forces de l’ordre et d’hommes en civils défendant le siège d’un parti.

Les manifestants conspuent le pouvoir à Bagdad et son parrain iranien, un mouvement de contestation endeuillé depuis le 1er octobre par plus de 420 morts et quelque 15.000 blessés en grande majorité des manifestants, selon un bilan compilé par l’AFP à partir de sources policières et médicales.