Positive à l’EPO en septembre, l’athlète française Ophélie Claude-Boxberger a désormais un alibi : l’un de ses proches s’accuse de lui avoir inoculé le produit dopant à son insu, un rebondissement spectaculaire qui pourrait lui permettre, si les faits sont confirmés, d’échapper à une sanction, relate l’AFP.
C’est un témoignage étonnant qui tombe à pic pour la coureuse de 31 ans, spécialiste du 3.000 m steeple. Alors qu’elle ne cesse de clamer son innocence depuis le début du scandale, la version avancée par un membre de son entourage dans les locaux de la gendarmerie de Montbéliard est venue opportunément renforcer sa défense.
Selon une source judiciaire, Ophélie Claude-Boxberger, contrôlée positive le 18 septembre au centre d’entraînement de Font-Romeu et suspendue provisoirement, a, comme son proche, été interrogée par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), dans le cadre de gardes à vue «levées vendredi matin».Selon une source proche du dossier, l’homme qui s’accuse, Alain Flaccus, est le compagnon de la mère de l’athlète et fait partie de son encadrement sportif. Lors de sa garde à vue, il a avoué lui avoir administré une piqûre d’érythropoïétine, alors que la coureuse se serait assoupie après un massage, a indiqué la source à l’AFP, confirmant des détails donnés par L’Equipe.
Cette source a cependant appelé à «la prudence», en envisageant l’hypothèse que ce proche «se sacrifie», «seule manière pour elle de s’en sortir» et d’éviter une suspension inéluctable de quatre ans.
Interrogée par L’Est Républicain à l’issue de sa garde à vue, Ophélie Claude-Boxberger n’a elle pas hésité à dénoncer «une machination». «J’ai enfin compris des choses, compris comment on avait retrouvé de l’EPO dans mon corps. Les faits sont là», a-t-elle déclaré, sans expliquer le mobile qui aurait motivé le compagnon de sa mère.
«Cette personne a profité d’un instant de faiblesse psychologique et physique. Il y aurait préméditation, volonté de nuire à ma carrière sportive et exercice illégal de la médecine», a-t-elle ajouté.
Invitée dans l’émission Tout le sport sur France 3 vendredi, elle a aussi révélé le passé douloureux qui le lie à cet homme, expliquant qu’elle avait, des années plus tôt, déposé puis retiré une plainte contre lui pour agression sexuelle.
L’annonce du contrôle positif de Claude-Boxberger, 31 ans, avait déclenché un avis de tempête sur la Fédération française d’athlétisme, déjà fragilisée par de mauvais résultats aux Mondiaux de Doha (seulement 2 médailles), une guerre de clans et une succession de scandales liés au dopage (affaires Clémence Calvin et Morhad Amdouni).
La relation sentimentale de l’athlète avec le médecin de l’équipe de France d’athlétisme Jean-Michel Serra, chargé de son suivi médical, n’avait fait qu’amplifier le scandale, conduisant l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) à signaler les faits au parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire le 14 octobre. Le médecin avait été épinglé en juin pour s’être inquiété auprès de l’AFLD du nombre de contrôles subis par Claude-Boxberger, sans en informer sa hiérarchie.Ces nouvelles révélations n’éteignent pas la procédure ouverte par l’AFLD, qui «continue de mener l’enquête préalable à la saisine de la commission des sanctions.» «La sportive pourra apporter toute explication et tout élément matériel de preuve dans le cadre de sa défense», a ajouté l’agence dans une déclaration à l’AFP.
Le côté rocambolesque de la version fournie par l’athlète rappelle la défense de Clémence Calvin, soupçonnée de s’être soustraite à un contrôle antidopage inopiné au Maroc. La vice-championne d’Europe 2018 du marathon, qui risque également une suspension de 4 ans, avait expliqué avoir été agressée par ses contrôleurs, en visant le directeur des contrôles de l’AFLD Damien Ressiot, qui se serait présenté comme un policier et aurait exigé qu’elle les mène à son mari et entraîneur, Samir Dahmani.
Selon l’AFLD, Calvin a au contraire été abordée de manière régulière pour un contrôle qu’elle aurait cherché à tout prix à éviter, avec la complicité de Samir Dahmani, lui aussi sous la menace d’une suspension de quatre ans.