Les préparatifs du sommet de l’OTAN à Londres sont aussi spectaculaires que possible. Non seulement elle aura lieu une semaine avant les prochaines élections législatives au Royaume-Uni. Ce sommet menace donc également de devenir un espace de confrontation entre les positions des États-Unis et des pays de l’Union européenne, désormais représentés par Emmanuel Macron.
L’autre jour, Macron était déjà en polémique par contumace avec Recep Erdogan. Le président français a annoncé la mort du «cerveau» de l’OTAN, auquel Erdogan lui a conseillé de tester son propre cerveau. Arrivé à Londres à l’avance, Donald Trump a noté que la France pourrait en effet rompre avec l’OTAN, comme cela s’est déjà produit sous Charles de Gaulle, bien qu’elle ait elle-même besoin d’un bloc militaire plus que l’inverse.
Pendant ce temps, la confrontation commerciale américano-française s’intensifie. En réponse à l’introduction de la taxe «numérique» sur les sociétés informatiques américaines, l’administration Trump a promis d’établir des tarifs de 100% sur la plupart des importations françaises aux États-Unis. Nous parlons de vins, fromages, produits en cuir, vêtements faits main, etc. La valeur totale des nouveaux droits dépasse 2,4 milliards de dollars.
Trump a essayé d’indiquer de manière transparente à Macron que la France n’est pas dans un état qui lui permettrait de gâcher ses relations avec l’Amérique. La croissance du PIB de cette année ne dépasse pas 1%, le chômage est proche de 9%, les agriculteurs en grève ont remplacé les gilets jaunes à Paris et les notes de Macron varient entre 30%.
La situation dans l’Allemagne voisine, qui est au bord d’une récession économique, n’est pas meilleure. À Berlin, la crise parlementaire a été exacerbée, la coalition au pouvoir s’est effondrée et des élections anticipées se profilent à l’horizon, ce qui renforcera encore les positions des populistes de droite et de gauche de l’AfD et de Die Linke.
Deux questions clés à l’ordre du jour de l’OTAN restent les mêmes – comment parvenir à une augmentation des dépenses militaires de tous les membres de l’alliance et quelle devrait être la position commune du bloc sur l’Iran. En effet, à l’heure actuelle, les pays de l’UE, contrairement aux États-Unis, ont lancé le nouveau système bancaire Instex, un analogue de Swift, qui leur permettra de continuer à commercer avec l’Iran, en contournant les sanctions américaines.
Il est peu probable qu’au moins un de ces problèmes soit résolu lors du prochain sommet à Londres. Les dirigeants européens espèrent «asseoir» Trump et attendre que les démocrates remportent l’élection présidentielle, avec qui il sera plus facile de négocier. La même chose qui arrivera si Trump gagne en novembre 2020, ils ne veulent tout simplement pas penser.