Les Américains blancs privilégiés dans le traitement préventif anti-VIH

Un comprimé quotidien révolutionnaire permet d’éviter d’être contaminé par le virus du sida, le VIH, mais de nouvelles statistiques publiées mardi par les autorités sanitaires américaines montrent que les Blancs à risque se le voient prescrire bien plus que les Noirs et les Latinos.

Les chiffres publiés par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) illustrent le fossé qui reste à combler pour mettre fin à l’épidémie du sida d’ici 2030, objectif lancé par le président Donald Trump en février.

Les inégalités raciales et sociales sont parmi les obstacles les plus monumentaux, à commencer par une chose aussi simple que d’aller dans une clinique et de se voir prescrire le comprimé, appelé PrEP, au seul motif qu’on est à risque.

« Nous pouvons mettre fin au statu quo, mais il faut changer nos attentes et mettre fin à la culture de satisfaction dans laquelle nous nous trouvons », a déclaré Jay Butler, directeur adjoint des maladies infectieuses aux CDC dans une conférence téléphonique, en rappelant les trois piliers de la stratégie anti-VIH: généralisation des tests; traitements immédiats et systématiques; et adoption beaucoup plus large de la PrEP.

La PrEP, pour « prophylaxie pré-exposition », est autorisée aux Etats-Unis depuis 2012 et aujourd’hui recommandée systématiquement aux hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, aux hétérosexuels qui ont des comportements à risque, et aux personnes qui utilisent des seringues pour se droguer.

18 % de cette population à risque de 1,2 million de personnes utilisaient PrEP en 2018, estiment les CDC dans une étude, contre 9 % en 2016. L’objectif est d’atteindre la moitié.

Mais ce chiffre cache des disparités raciales: 42 % chez les Blancs, 11% chez les Latinos, et 6 % chez les Noirs.

Et régionales: à New York, l’un des endroits les plus riches du pays, 41% du public à risque profite de PrEP. Dans les Etats plus pauvres et ruraux du Sud, la proportion tombe souvent à moins de 15 %.

Ces différences se retrouvent dans le nombre de Noirs qui se font diagnostiquer, et de ceux qui sont séropositifs mais chez qui le virus n’est pas sous contrôle. Avec les traitements antirétroviraux actuels, un patient peut voir sa charge virale devenir indétectable au bout de six mois, mais cela implique de prendre ses médicaments tous les jours.

Or nombre de Noirs séropositifs n’ont pas de couverture maladie, sont sans-abris ou en prison, soulignent les experts des CDC, trois facteurs qui affectent significativement la prise régulière du traitement.

En 2018, plus des deux tiers des nouveaux diagnostics de VIH étaient chez des gens noirs ou hispaniques aux Etats-Unis.

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