Le problème du génocide arménien empoisonne les relations entre Washington et Ankara

Une fois adoptée par le Sénat américain la résolution reconnaissant le génocide arménien, les relations entre la Turquie et les Etats-Unis sont mises « en péril », a mis en garde Ankara, qui réfute d’une manière ferme le terme même de « génocide ».

« Le comportement de certains membres du Congrès américain nuit aux relations turco-américaines (…) La résolution américaine qui est passée aujourd’hui au Sénat met en péril l’avenir de nos relations bilatérales », a déclaré le directeur de la communication de la présidence turque Fahrettin Altun. Les élus ayant voté pour cette résolution « resteront dans l’Histoire comme les responsables qui auront infligé des dégâts durables (aux relations) entre nos deux nations », a-t-il ajouté sur Twitter. Le Sénat américain a adopté jeudi à l’unanimité une résolution reconnaissant le génocide arménien, après que la Chambre des représentants l’avait formellement reconnu à une écrasante majorité en octobre. Appelant à « commémorer le génocide arménien » et à « rejeter les tentatives (…) d’associer le gouvernement américain à la négation du génocide arménien », ce texte non-contraignant avait été auparavant bloqué à plusieurs reprises au Sénat par des alliés républicains du président Donald Trump. Mais personne ne s’est opposé jeudi à l’adoption par consentement unanime de la résolution, proposée par un démocrate, Bob Menendez. Le vote au Sénat américain jeudi risque de renforcer les tensions avec la Turquie, au moment où les relations traversent une période délicate en raison notamment de désaccords sur la Syrie. De nombreux historiens qualifient les massacres systématiques des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman de génocide, reconnu par les gouvernements ou Parlements dans une trentaine de pays dont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Les estimations sur le nombre de morts varient entre 600.000 et 1,5 millions. Le terme de génocide est toutefois rejeté par la Turquie, issue du démantèlement de l’Empire ottoman en 1920, qui reconnaît des massacres et évoque une guerre civile, doublée d’une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.