75 ans après, l’hommage aux héros de la bataille des Ardennes

C’etait la bataille de la Seconde guerre mondiale, marquée par des combats effroyables et la consécration d’un héros américain, Patton, au coeur des hommages du 75e anniversaire rendus jusqu’à lundi en Belgique et au Luxembourg.

La commune de Bastogne, dans le sud de la Belgique, point névralgique de cette offensive surprise lancée le 16 décembre 1944 par les troupes de la Wehrmacht, concentrera tout le week-end l’essentiel des commémorations.

Au programme: témoignages de vétérans, défilés de chars, spectacle son et lumière, et en point d’orgue, dimanche, une reconstitution de bataille avec plusieurs centaines de figurants, au hameau de Hardigny.

Lundi matin, le mémorial du Mardasson, érigé sur une colline de la ville en hommage aux millier des soldats américains tués, accueillera la première grande cérémonie officielle.

Y sont attendus, à l’invitation du gouvernement belge dirigé par Sophie Wilmès, le ministre américain de la Défense Mark Esper, le président allemand Frank-Walter Steinmeier et le président polonais Andrzej Duda.

Cinq autres pays belligérants seront représentés: Canada, Royaume-Uni, Pays-Bas, France et Luxembourg.

Le cortège se retrouvera l’après-midi au cimetière militaire de Hamm, au Luxembourg, autour du Grand-duc Henri et du Premier ministre Xavier Bettel, pour un hommage à George S. Patton, qui repose là avec 5.000 soldats américains. Décédé en décembre 1945 des suites d’un accident en Allemagne, le général a tenu à être enterré à Hamm avec ses hommes.

Car Patton est un héros des Ardennes, rappelle Mathieu Billa, directeur du Bastogne War Musuem.

Le général américain, raconte à l’AFP ce licencié en histoire, a accouru de l’est de la France avec ses hommes pour aider ses compatriotes de la 101e division aéroportée piégés par l’ennemi à Bastogne.

Et Patton, alors âgé de 59 ans, est propulsé « au sommet de sa gloire » quand il parvient à « couper l’encerclement » d’un total de 18.000 soldats américains dont l’armée d’Adolf Hitler exigeait la reddition.

Quelques jours plus tôt, le général américain Anthony McAuliffe avait balayé cette demande d’un « Nuts ! » (« Des clous ! » au sens figuré). Une expression entrée dans la légende en Belgique.

Les Allemands, qui ont comme objectif de franchir la Meuse pour aller reconquérir le stratégique port d’Anvers, ne déposent pas pour autant les armes. Ils maintiennent dans la région des poches de résistance gênant les Alliés.

La bataille des Ardennes dure au total six semaines, jusqu’à la victoire alliée de fin janvier 1945, et fait selon les sources 15.000 à 20.000 morts côté allemand, et entre 10.000 et 19.000 côté américain, rappelle M. Billa.

Sans oublier les quelque 3.000 civils belges tués dans des bombardements et des massacres commis par la Waffen-SS. Houffalize compte parmi les villes martyres.

Tout au long des commémorations, les organisateurs, parmi lesquels le War Heritage Institute (WHI), gardien de la mémoire militaire en Belgique, s’efforceront de faire témoigner les derniers soldats encore en vie pour raconter l’horreur des combats, parfois au corps à corps.

Il y aura des Américains, des Belges mais aussi des Allemands car « il faut voir l’histoire des deux côtés, on est dans l’optique de la réconciliation », assure à l’AFP John Osselaer, porte-parole du WHI.

Dimanche après-midi, le Bois Jacques à Bastogne, connu pour ses cavités où des soldats américains se sont retranchés par des températures polaires, hébergera un hommage ponctué de lectures par dix militaires servant actuellement dans la 101e, venus du Kentucky (est des Etats-Unis).

« Notre reconnaissance à l’égard des jeunes Américains tombés sur le sol ardennais est éternelle. Nous leur devons de vivre en liberté », a fait valoir le bourgmestre de Bastogne, Benoît Lutgen.

Dans la mémoire collective américaine, les victimes de ces combats ont rapidement pris une place à part.

La bataille a été très documentée grâce à la présence, dans le sillage de la 3e armée de Patton, de grands reporters comme Robert Capa et Walter Cronkite, souligne M. Billa.

Elle a aussi inspiré le cinéma. Dès 1949 sort le film « Battleground » (« Bastogne » en français), écrit à partir des récits d’officiers de la 101e division.

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