Grand vainqueur des législatives au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson met lundi son équipe en ordre de bataille en vue de commencer dès cette semaine à lever les obstacles au Brexit.
Fort d’une majorité plus vue pour les conservateurs depuis Margaret Thatcher, le dirigeant Tory doit annoncer lundi son gouvernement remanié, probablement à la marge car sa priorité est de lancer au plus vite les démarches pour permettre la sortie du Royaume-Uni le 31 janvier.
Il doit aussi s’adresser aux 109 députés conservateurs nouvellement élus parmi les 365 sièges remportés jeudi par son parti pour les exhorter à se mettre au travail et réaliser le Brexit, pour lequel ont voté 52 % des Britanniques en juin 2016 mais qui est resté depuis dans l’impasse.
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« Le Premier ministre a été très clair que (…) nous devons répondre à la confiance du public et réaliser le Brexit », a expliqué une source gouvernementale.
« C’est pourquoi la première loi sur laquelle voteront les nouveaux députés sera l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne », a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre entend présenter aux députés avant Noël, et même a priori dès cette semaine, ce document négocié laborieusement avec Bruxelles mi-octobre, censé permettre un divorce en douceur après 47 ans de mariage difficile.
Un remaniement du gouvernement plus important pourrait advenir après la date butoir du 31 janvier, une fois le Brexit assuré.
Avant de se pencher sur le Brexit, la nouvelle Chambre des communes devra tout d’abord se réunir mardi afin d’élire le « speaker » (président) et sauf surprise reconduire le travailliste Lindsay Hoyle, élu un mois avant les élections législatives.
Il aura la tâche de conduire les débats souvent très animés sur le Brexit comme l’avait fait avant lui le truculent John Bercow.
Chacun des 650 députés jurera ensuite allégeance à la Couronne, un processus qui devrait prendre plusieurs jours.
Boris Johnson pourra enfin décliner jeudi son programme législatif lors du traditionnel discours lu par Elizabeth II, 93 ans. Le dernier « discours de la reine » remontant à deux mois à peine et Noël approchant, le cérémoniel d’habitude très chargé accompagnant cette cérémonie sera réduit.
Boris Johnson doit y répéter sa priorité depuis son arrivée au pouvoir en juillet, martelée inlassablement pendant la campagne des législatives: réaliser le Brexit.
Il doit aussi annoncer des mesures pour améliorer le service national de santé (NHS), comme il l’a promis pour se détacher de l’image d’austérité collant à son parti. Ce service gratuit, auquel les Britanniques sont très attachés, a subi de drastiques coupes sous les gouvernements conservateurs depuis près de 10 ans.
Selon une source à Downing Street, le gouvernement compte annoncer une hausse de 33,9 millions de livres (40,6 millions d’euros) du budget du NHS.
Le Premier ministre a en revanche exclu d’offrir à l’Écosse un deuxième référendum sur l’indépendance de la région, réclamé à corps et à cris par la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, forte du bon score aux législatives de son parti indépendantiste, le SNP.
Le refus de Boris Johnson ne signe pas « la fin de l’affaire », a cependant averti dimanche matin sur la BBC Mme Sturgeon soulignant que l’Écosse, qui avait voté à 62% en 2016 pour rester dans l’Union européenne, « ne peut être enfermée dans le Royaume-Uni contre sa volonté ».
Une fois le Brexit réalisé sur le plan politique au 31 janvier, Londres et Bruxelles entameront d’âpres négociations pour parvenir à un accord commercial définissant leurs relations à l’issue d’une période de transition prévue jusqu’à fin 2020.
Boris Johnson assure qu’il y parviendra sans prolongation de ce délai. Mais il n’a pas expliqué quelle forme de relation, proche ou éloignée, il souhaitait avec les 27 membres de l’UE. Et plusieurs officiels européens ont déjà prévenu qu’un tel texte nécessiterait sans doute des années pour être préparé.