Le Parlement européen remet, mercredi 18 décembre, le prix Sakharov 2019 des droits de l’Homme à l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti. Condamné en septembre 2014 à la prison à vie en Chine pour « séparatisme », il n’assistera pas à la cérémonie à Strasbourg.
L’universitaire Ilham Tohti ne sera pas présent à Strasbourg, mercredi 18 décembre, pour recevoir le prix Sakharov. Le professeur d’économie de nationalité chinoise, défenseur des droits de la minorité ouïghoure, s’est vu décerner le prix le 24 octobre dernier par le Parlement européen alors qu’il est incarcéré en Chine à la prison d’Urumqi depuis janvier 2014.
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Succédant au réalisateur ukrainien Oleg Sentsov (2019) et à l’opposition démocratique au Venezuela (2018) sur la liste des lauréats de ce prix qui récompense « une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l’Homme dans le monde », Ilham Tohti sera représenté par sa fille lors de la cérémonie de Strasbourg. Exilée aux États-Unis, Jewher Ilham se bat pour la remise en liberté de son père, avec qui elle ne peut avoir aucun contact.
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« Sa famille n’a pas de nouvelles depuis 2017, elle ne sait rien de son état de santé », précise Charles Pellegrin, correspondant de France 24 en Chine.
Ancien professeur à l’Université des minorités de Pékin, Ilham Tohti a été condamné en 2014 par la justice chinoise à la prison à vie pour « séparatisme ». Le procès expédié en deux jours avait suscité une levée de boucliers de la part de gouvernements étrangers et d’organisations de défense des droits humains, qui avaient dénoncé un « simulacre de procès ».
Spécialiste des relations entre les Ouïghours et les Hans, Ilham Tohti a toujours milité pour le rapprochement des peuples et pour la mise en œuvre de lois sur l’autonomie des régions en Chine. Il a également hébergé le site Internet « Uyghur Online » sur lequel il dénonçait l’exclusion des Ouïghours du développement de la Chine et diffusait des informations sur le traitement de cette communauté au sein de la société chinoise.
Ces dernières années, les Ouïghours ont subi une répression sans précédent de la part du gouvernement chinois en raison de leur identité ethnique et de leurs croyances religieuses. Une enquête récente du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a révélé les conditions de détention inhumaines dans les camps de rééducation politique au Xinjiang. Plus d’un million d’Ouïghours seraient détenus dans ces prisons de l’ouest de la Chine.
Ilham Tohti a déjà obtenu, fin septembre, le prix Václav-Havel décerné par le Conseil de l’Europe. Une récompense fermement condamnée par la Chine. « En brandissant le prétexte des droits de l’Homme et de la liberté, (le Conseil de l’Europe) blanchit un séparatiste qui soutient la violence et le terrorisme », avait dénoncé la diplomatie chinoise.