Un journal arménien vandalisé à Erevan

Les locaux d’un journal arménien ont été vandalisés par des agresseurs non identifies, qui y ont fait irruption dans la matinée du jeudi 19 décembre, avant l’arrivée des employés, qui ont été profondément choqués par le spectacle de desolation qu’offraient leurs bureau, rapporte armenews.com.

“C’est une tentative manifeste visant à nous gêner dans nos activités professionnelles”, a indiqué Knar Manukian, la rédactrice en chef du quotidien “Joghovourd”, visé par cette attaque.

“L’agresseur ou les agresseurs ont consulté et saccagé tous nos documents, mais n’ont rien emporté”, a ajouté la journaliste en exprimant sa consternation devant les journalistes à la vue de son bureau dévasté, en se demandant pourquoi tous les tiroirs avaient été ouverts et fouillés et si les agresseurs avaient trouvé ce qu’ils cherchaient, si toutefois ils cherchaient quelque chose.

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K.Manukian a laisse entendre que les intrus n’avaient pas vole les ordinateurs ni même la somme en liquide renfermée dans un tiroir. “Je pense qu’ils cherchaient des informations mais ils ont agi de telle sorte qu’ils ont voulu donner un avertissement”, a indiqué pour sa part Taguhi Tovmasian, la fondatrice du quotidien qui siège actuellement au Parlement sur les bancs de l’alliance Im Kayl (Mon pas) au pouvoir.

T.Tovmasian a ainsi suggéré que les intrus auraient envoyé un message à l’équipe de “Joghovourd”, message significant clairement qu’ils pouvaient “pénétrer dans le siège de la redaction et y prendre toutes les informations souhaitées à tout moment”.

Cette intrusion a été designee par les dirigeants du journal comme une menace sérieuse à la liberté de la presse en Arménie. T. Tovmasian and K.Manukian se sont exprimées devant la presse peu après l’inspection des locaux de “Joghovourd” à Erevan par la police, qui a fait une évaluation des préjudices subis par le journal. La police n’a pas fait de commentaire immédiat sur cette intrusion qui a été vivement condamnée tant par les groupes militants pour la liberté de la presse que par les formations de l’opposition. Cet incident est intervenu quelques jours après que K.Manukian eut été interrogée une nouvelle fois par les agents du Service spécial d’enquête (SSE) en relation avec les témoignages de l’ancien président Serge Sarkissian et d’autres anciens responsables concernant la répression post-électorale de mars 2008 à Erevan.

“Joghovourd”, à qui appartient aussi le site d’informations en ligne Armlur.am, avait obtenu ces témoignages et en avait publié des extraits au début de l’année, s’attirant les foudres du SSE qui désignait ces révélations comme illégales. K.Manukian avait alors accuse l’agence du gouvernement d’exercer des pressions sur sa publication.

La directrice du journal a révélé le même jeudi 19 décembre qu’immédiatement après son dernier interrogatoire, elle avait porté plainte auprès de l’ombudsman d’Arménie, Arman Tatoyan, concernant la “violation de ses droits” par le SSE et avait demandé sa “protection”. Elle n’a pas fourni plus de détails.

K.Manukian a aussi affirmé qu’en de “nombreuses” occasions, les autorités concernées auraient demandé que “Joghovourd” divulgue les sources de ses articles renfermant des détails sur différentes enquêtes dont elles avaient la charge. Elle a laisse entendre que les intrus auraient pu être à la recherche de ces “investigations illégales” menées par son journal. T.Tovmasian n’a pas exclu cette éventualité mais s’est montrée plus nuancée. “C’est peut-être l’une des pistes”, a indiqué l’ancienne journaliste, que ses liens avec le parti au pouvoir incitent à la prudence.