Au premier jour des vacances, les nerfs des voyageurs sont mis à rude épreuve samedi par un trafic toujours « très perturbé » à la SNCF en l’absence de trêve de Noël, certains disant néanmoins comprendre les raisons du mouvement contre la réforme des retraites.
La SNCF a assuré samedi que tout était « raccord » par rapport à ses prévisions de la veille. « C’est du sur-mesure », a déclaré à l’AFP un porte-parole, précisant que l’objectif de faire voyager 850 000 détenteurs de billets jusqu’à dimanche était maintenu.
La compagnie a prévu samedi et dimanche de faire rouler la moitié des TGV, 30 % des TER et 20% des Transilien, ainsi qu’un Intercités sur quatre.
A la gare Montparnasse à Paris, où la station de métro était fermée samedi pour la matinée, Françoise Lambert attend son tour pour avoir des informations: elle veut se rendre à Evron, en Mayenne, à 60 km du Mans.
« Je vais jusqu’à la gare TGV du Mans et après je n’ai pas de solution. C’est stressant. Pour le TGV, j’ai su dès mardi que je pouvais partir, mais pour le TER, on ne sait rien », déplore cette assistante de direction venue en taxi d’Aulnay-sous-Bois, au nord de Paris, pour presque 60 euros, et qui craint de devoir recourir à un autre taxi pour gagner Evron.
« Qu’il y ait une grève, c’est une chose, qu’il n’y ait pas de trêve, c’en est une autre, c’est quand même dégueulasse », estime Jérôme Pelletier, un responsable de services généraux dans le secteur textile qui va devoir prendre un taxi entre Nantes et La Roche-sur-Yon, le trajet de son TGV ayant été écourté. « On a essayé par d’autres biais, BlaBlaBar, etc., mais tout est plein, tout est pris ».
Un temps espérée par le gouvernement, une trêve de Noël dans le mouvement lancé il y a 17 jours ne s’est pas matérialisée. Vendredi, la CFDT-Cheminots a maintenu son appel à la grève, jugeant les avancées dans les négociations avec l’exécutif « pas suffisantes ».
« J’ai acheté un billet pour Nantes il y a trois mois et mon train a été annulé il y a quatre jours. J’ai essayé de monter dans un train Ouigo et on m’a interdit de monter », se désole Florian, un consultant âgé de 25 ans.
Les voyageurs qui doivent acheter un autre billet pourront ensuite se le faire rembourser, assure de son côté la SNCF.
L’épuisement gagnait beaucoup d’usagers en galère, comme Frédéric, la vingtaine, rencontré gare Saint-Lazare à Paris, qui tente de rallier Dieppe depuis Vannes en train. En temps normal « cela me prend environ sept heures, sachant que là avec les problèmes de réseau ferroviaire c’est on va dire 24 heures ».
A la gare de Toulouse-Matabiau, le Bordeaux-Marseille est maintenu, mais retardé de plus d’une heure. Géraldine Dancona et son compagnon Vincent Romand comptent le prendre, « même s’il faut voyager debout ». Ils sont excédés par les complications causées par le mouvement, sans pour autant le condamner.
Jeffrey Nwutu Ebube, un Nigérian de 42 ans qui réside à Toulouse, a eu toutes les peines du monde pour revenir du Havre. Il avait initialement un billet de train mardi, mais il a été annulé, deux autres dates lui ont été proposées, avant annulation là aussi. Il a finalement dû acheter un billet d’autocar à 160 euros. « Je suis énervé, cette grève c’est insupportable, se plaint-il. « Le gouvernement doit faire quelque chose ».
« Je comprends tout à fait le mouvement de grève, c’est dommage que ça impacte les particuliers, mais je pense qu’il n’y a pas le choix: pour le gouvernement réagisse, il faut impacter tout le monde, malheureusement », déclare à Paris Quentin, relativement chanceux puisque son TGV Paris-Angers est maintenu samedi et qu’il a pu changer sans difficulté son billet de retour pour lundi.
Le trafic RATP restait également très perturbé samedi avec huit lignes de métro toujours fermées mais « avec une amélioration globale » tandis que dimanche le trafic sera « très réduit ».