La plainte déposée par la commune de l’Essonne en 2017 contre Éric Zemmour, qui avait estimé à la télévision qu’à Grigny «un régime étranger» s’imposait, a été annulée par le tribunal de Paris. Un vice de forme est à l’origine de l’annulation de la procédure.
Le tribunal de Paris a débouté la plainte portée par la commune de Grigny en février 2017 contre Éric Zemmour pour «diffamation publique et provocation à la discrimination, à la haine et à la violence envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion et à un territoire déterminé», rapporte Le Parisien.
«Le tribunal s’appuie sur ce que l’on appelle une erreur de plume. Dans la plainte de la ville figure une fois le mot injure au lieu de diffamation. Or, dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, il est stipulé qu’il faut choisir l’un ou l’autre. Pas les deux…», a expliqué Jean-Louis Péru, l’avocat de la commune, au quotidien.
Dans un communiqué, les avocats du journaliste ont salué une «nouvelle victoire judiciaire d’Éric Zemmour».
«La commune de Grigny qui poursuivait Éric Zemmour […] a été déboutée ce jour par la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris», ont informé Maîtres Olivier Pardo et Laurence Dauxin-Nedelec.
Cette procédure en justice avait été entamée après les propos tenus par l’écrivain le 10 novembre 2016 lors d’un débat qui l’opposait à Raphaël Glucksmann sur le plateau de BFM TV.À peine un mois après l’attaque des policiers à Viry-Châtillon, Éric Zemmour avait suscité l’indignation de la mairie en critiquant le quartier de la Grande Borne.
«On a parlé de la Grande Borne à Grigny tout à l’heure. Qu’est-ce que c’est? Ce n’est pas la France, c’est une contrée où l’on est plus en France, où il y a un régime étranger qui s’impose, où la police française ne rentre plus, où la loi de la République ne s’applique plus, et où l’on est sous une loi qui mélange la loi des caïds et la loi islamique. C’est cela la réalité aujourd’hui », avait-il déclaré.
Le 8 octobre 2016, deux véhicules de police stationnés à proximité de la Grande Borne, considérée comme l’une des cités les plus sensibles d’Île-de-France, avaient été la cible d’une attaque au cocktail Molotov faite en plein jour par une vingtaine de jeunes qui avaient tenté de bruler vif les policiers. Quatre agents de police ont été blessés, dont une gardienne de la paix et un agent de sécurité gravement brûlés au niveau des bras et des mains.Cette agression avait eu un immense retentissement et déclenché une fronde inédite dans la police. Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, avait dénoncé «un acte de guerre», «une attaque barbare, sauvage, qui était destinée à tuer».
Dans le cadre de cette affaire, la cour d’assises de l’Essonne a condamné le 4 décembre huit jeunes à des peines allant de 10 à 20 ans de réclusion pour la violente agression de policiers à Viry-Châtillon en 2016, et en a acquitté cinq autres. Des peines bien plus légères que celles, de 20 à 30 ans, requises par le Parquet.