Notre-Dame sans messe de Noël et surmontée d’une grue géante

Pour la première fois depuis 1803, Notre-Dame de Paris ne connaîtra pas de messe de Noël et huit mois après l’incendie du 15 avril, une grue géante veille sur la cathédrale en attendant de démonter l’échafaudage qui la menace.

Cette grue aura à mener l’opération la plus délicate de tout ce chantier herculéen de sécurisation. Opération qui devrait démarrer début février: il s’agira de démonter un à un 10.000 tubes de métal – 250 tonnes au total – que l’incendie du 15 avril a soudés.

Un travail de plusieurs mois qui nécessite des préparatifs en raison de sa complexité. L’échafaudage déformé, fragilisé, telle une gigantesque toile d’araignée en plein ciel, menace la voûte et l’équilibre de la cathédrale. Le joyau de l’art gothique est toujours, sept mois après l’incendie, en état d' »urgence absolue ».

Conformément au voeu du président Emmanuel Macron d’accomplir la restauration de Notre-Dame en cinq ans, il n’y a pas d’arrêt aux vacances de fin d’année: quelques opérations se poursuivent même si d’autres sont interrompues, selon l’établissement public dirigé par le général Jean-Louis Georgelin.

L’incendie de Notre-Dame a suscité une mobilisation extraordinaire en France et dans le monde: 922 millions d’euros de dons et promesses de dons ont été confirmés, soit 320.000 dons au total.

Mais pour la première fois depuis 216 ans, la cathédrale vieille de huit siècles va rester silencieuse une nuit de Noël: aucune cérémonie, aucune procession n’étant prévue aux abords. La messe de Noël sera célébrée à minuit par le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet, en l’église Saint-Germain l’Auxerrois, face au Louvre.

La grue géante est arrivée le 16 décembre en pièces détachées à bord d’un convoi exceptionnel accompagnée de 40 camions d’équipements. Deux grues mobiles les ont déchargées. Elle est en train d’être montée et culminera à 75 mètres (80 mètres avec la flèche qui la domine). Fabriquée exprès à Moulins, plus grande grue à tour de modèle « topless » d’Europe, elle peut lever jusqu’à 8 tonnes.

Dans la nuit du 17 au 18 décembre, a été débarqué d’une barge le poste de transformation électrique indispensable qui alimentera de manière pérenne les installations. Dès lundi, la grue, qu’il a fallu souder solidement au sol, va être équipée d’un ascenseur. Avant son entrée en action, cette immense girafe veillant sur Notre-Dame devra être dûment contrôlée.

Le ceinturage de l’échafaudage avec des poutres métalliques est réalisé aux deux-tiers. Deux niveaux ont été ceinturés. Reste le ceinturage du niveau supérieur. Il sera réalisé en janvier grâce à la grue.

Parallèlement, un deuxième échafaudage léger est en train de s’élever ces jours-ci de part et d’autre de l’ancien. Cette structure sera plus haute, et, à partir de poutrelles équipées de rails, des cordistes descendront dans l’échafaudage afin de le découper. Le démontage, qui durera plusieurs mois, pourrait commencer en février.

En attendant, s’achèvera le cintrage des arc-boutants: sur 28 au total, il reste deux cintres à poser. Dès lundi, les cordistes poursuivront le nettoyage des gravats de la charpente tombés sur la voûte: ils s’attaqueront aux « extrados », faces supérieures des voûtes au niveau du transept sud.

Sous les barnums installés sur le parvis, le tri se poursuit: vestiges d’un côté, gravois de l’autre.

Après la polémique ayant entouré son invitation à l’architecte en chef de Notre-Dame Philippe Villeneuve à « fermer sa gueule » sur la nécessité de reconstruire la flèche à l’identique, le général Georgelin entend « fédérer, jouer collectif ».

Il a assisté à une projection d’un film d’animation sur l’histoire de Notre-Dame. Devant les compagnons, mécènes, architectes rassemblés, le général a annoncé un Te Deum à Notre-Dame le 16 avril 2024, exactement cinq ans après l’incendie.

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