Placée en garde à vue puis en cellule de dégrisement pendant plus de 30 heures, une étudiante de 23 ans a affirmé avoir subi de graves humiliations et des blessures physiques, révèle Mediapart. De plus, selon elle, alors qu’elle était en cellule, plus de 500 euros ont été débités de son compte par la police. Le parquet a ouvert une enquête.
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2019, une jeune femme de 23 ans prénommée Margaux et une amie sont évacuées par les pompiers d’un club de l’est parisien après avoir bu trop d’alcool, rapporte Mediapart.
Après un passage à l’hôpital de Lariboisière où elle refuse d’être examinée, Margaux est transportée au commissariat de la rue de l’Évangile dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Lors de sa garde à vue, la jeune femme affirme que des femmes policières ont essayé de lui retirer son collant et son soutien-gorge et que leurs collègues masculins leur sont venus en aide.
«Je me suis retrouvée avec la robe sur la tête, poitrine nue. Et ils m’ont trimballée dans les couloirs en rigolant. Ils disaient: “Regardez, c’est la nouvelle Femen!”», confie-t-elle.
Elle est ensuite transférée sans consignes dans un autre commissariat de la capitale, rue Louis-Blanc (Xe), où elle est placée en cellule de dégrisement.
«Ce n’est pas normal. On doit être en mesure de suivre le cheminement d’une personne entre sa détention et sa remise en liberté. Ici, il y a une grande opacité», indique maître Slim Ben Achour, son avocat.
En outre, 554,99 euros sont débités de son compte bancaire. Selon elle, sa carte bleue et son téléphone enregistrés au commissariat de la rue de l’Évangile ont été utilisés alors qu’elle était en cellule. Elle affirme que c’est la police qui a prélevé l’argent sur son compte, car sa banque lui a envoyé un message avec un code d’authentification datant du 1er mai.
Quand elle quitte le commissariat le lendemain, elle prend des photos de toutes ses blessures, de la tête aux pieds, notamment celles du contour de ses yeux tuméfiés et de ses paupières violacées.
Initialement poursuivie pour violences, sans entraîner d’incapacité de travail, commises sur un fonctionnaire de police et sur deux pompiers dont elle ne souvient pas, compte tenu de son état d’ébriété, Margaux est convoquée début novembre au tribunal correctionnel de Paris.Cependant, la juge — qui avait pris connaissance de tous les éléments du dossier, notamment des photos de la victime — a demandé un report de l’audience au mois de juin 2020. Depuis celle de novembre, le parquet a ouvert une enquête pour violence par personne dépositaire de l’autorité publique, vol et escroquerie.
«Ce retournement de situation n’est, à mon avis, pas étranger au contexte actuel. J’ai le sentiment que les juges sont plus sensibles à la problématique des violences policières», commente l’avocat de Margaux.