La Chine organise mardi un sommet avec le Japon et la Corée du Sud au moment où les deux voisins de Pékin tentent un timide rapprochement sur fond d’incertitude autour du nucléaire nord-coréen.
Ce sommet tripartite, qui se déroule jusqu’à mercredi à Chengdu (sud-ouest), a vu le premier tête-à-tête entre le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président sud-coréen Moon Jae-in depuis 15 mois, après une forte escalade des tensions entre les deux pays.
Les relations entre Séoul et Tokyo ont touché le fond ces derniers mois, sur des questions commerciales et d’autres différends liés à des décennies d’âpres querelles sur l’occupation de la péninsule coréenne par le Japon (1910-1945).
« En tant que grande puissance régionale, la Chine espère montrer au monde qu’avec sa force diplomatique elle peut réunir autour d’une même table les dirigeants japonais et sud-coréens », explique à l’AFP Haruko Satoh, une spécialiste de la politique chinoise à l’université d’Osaka, au Japon.
Selon elle, il s’agit également pour Pékin de détourner l’attention sur ses problèmes intérieurs, en particulier les manifestations pro-démocratie qui agitent Hong Kong depuis six mois.
L’influence positive que peut exercer Pékin sur ses deux voisins reste aussi à voir.
Avant de s’envoler pour la Chine, M. Abe a reconnu devant la presse que les relations avec la Corée du Sud restaient « difficiles ».
Paradoxalement, une préoccupation commune pourrait permettre à Séoul et Tokyo de se rapprocher: la Corée du Nord.
Pyongyang a récemment mené une série d’essais sur sa base de lancement de fusées de Sohae, après une succession de tirs de projectiles les semaines précédentes en dépit de plusieurs résolutions de l’ONU.
Le régime de Kim Jong Un a par ailleurs fait ces dernières semaines une série de déclarations véhémentes, et fixé à Washington un ultimatum pour la fin de l’année.
Après un rapprochement spectaculaire en 2018, les négociations sur les programmes nucléaires nord-coréens sont dans l’impasse depuis l’échec du sommet de Hanoï en février entre M. Kim et le président américain Donald Trump.
Et faute de progrès dans les discussions avec l’administration Trump, Pyongyang a promis un « cadeau de Noël » lourd de menaces.
« C’est important que la Chine, la Corée du Sud et le Japon présentent une position unifiée vis-à-vis de Pyongyang », indique à l’AFP Yun Duk-min, ancien directeur de l’Académie nationale coréenne de la diplomatie, un organisme public.
Lundi au cours d’une rencontre avec le président chinois Xi Jinping, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a relevé que son pays et la Chine avaient tous deux « une grande responsabilité pour la paix, la stabilité et la prospérité » en Asie.