Noël-2019 terni des couleurs de grève

Transports au ralenti ou inexistants et cadeaux en forme de cagnottes pour les grévistes: cette journée de Noël voit s’achever une troisième semaine sans trêve dans le mouvement contre la réforme des retraites, qui cherche un second souffle.

Heureusement que le père Noël fait sa tournée en traîneau et pas en train: en ce 25 décembre et 21e jour de grève dans les transports, le trafic SNCF et RATP tourne au ralenti, voire pas du tout.

Dans les grandes gares parisiennes, les TGV ont même fait la grasse matinée mercredi: ni départ, ni arrivée « avant le début d’après-midi », a prévenu la SNCF, qui prévoyait en moyenne sur la journée un TGV sur 3, un Transilien sur 6 et trois TER sur 10.

A Paris, la plupart des grilles restent closes à l’entrée des stations de métro: seules les lignes automatiques 1 et 14 ainsi qu’Orlyval fonctionnent normalement, les 14 autres sont fermées et les RER circulent au compte-gouttes.

Une configuration inhabituelle pour les touristes, mais aussi pour certains grévistes: « en temps normal, on n’a jamais les deux fêtes » de fin d’année. « On passe au moins l’une des deux à découcher loin de notre famille, de nos collègues », expliquait mardi Raffi Kaya, conducteur de train et militant SUD, qui participait à un « repas des grévistes » gare de Lyon à Paris, et qui cette fois allait passer Noël avec les siens.

Ces « banquets de Noël » organisés ces derniers jours un peu partout en France à l’initiative de la CGT ou SUD pour « maintenir la flamme », ont permis aussi aux cheminots de retrouver des militants d’autres secteurs, comme les dockers à Marseille mardi. « Ce repas, ça rebooste, ça donne de la force », soulignait Béatrix Marques, 42 ans, élue CGT à l’Assurance maladie. « Les moments comme ça permettent de partager nos valeurs de solidarité, de fraternité ».

Car à l’entame de la quatrième semaine de grève, tenir devient le maître-mot. « On est à un moment charnière », notait Raffi Kaya. « Ça commence à tirer financièrement. Mais à présent, on est allé trop loin pour s’arrêter ».

Sous le sapin des grévistes, plusieurs cagnottes ou chèques de solidarité ont été déposés. Mardi, le syndicat Info’Com-CGT a ainsi remis aux salariés de la RATP un chèque de 250.000 euros issu de sa caisse de grève.

Ce montant, « c’est symbolique par rapport à la peine financière, mais ça démontre aussi l’union syndicale et c’est un soutien moral », soulignait Eliott Exbrayat, de Solidaires RATP.

Prochain temps fort pour les opposants: samedi 28 avec une journée d’actions décentralisées dans toute la France.

Mais l’exécutif, qui veut remplacer les 42 régimes de retraites existants par un « système universel » par points, l’a redit cette semaine par la voix de son nouveau « M. Retraites », Laurent Pietraszewski: pas question de revenir sur la « suppression des régimes spéciaux ».

Le prochain rendez-vous des partenaires sociaux avec l’exécutif a été fixé au 7 janvier, début d’une série de rencontres thématiques avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le 22 janvier.

Pas de trêve et un gouvernement en vacances, dès lors la grève va-t-elle durer jusqu’au Nouvel An? « On ne s’arrête pas quand on a perdu 20 ou 25 jours de salaire, juste parce que c’est le Nouvel An », a répondu mardi le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun dans une interview à L’Humanité.

« Est-ce qu’on repart comme ça pendant plusieurs semaines de perturbations, juste parce que (le gouvernement) veut passer en force sur son projet? Si c’est cela, je pense que nous serons relayés par d’autres grévistes à la rentrée », prédit-il.

Les enseignants pourraient en faire partie, mais aussi les professions libérales qui disposent de régimes autonomes, regroupées dans le collectif SOS Retraite qui appelle à la grève le 3 janvier. Parmi elles, avocats et médecins, mais aussi pilotes, hôtesses et stewarts.

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