Le conflit social sur la réforme des retraites entre ce jeudi dans sa quatrième semaine avec des transports toujours très perturbés par les grèves, sans aucune porte de sortie visible et une nouvelle journée d’action samedi à l’ordre du jour.
L’ombre de 1995 plane au 22e jour de mobilisation. Le conflit avait alors duré autant de jours, entre le 24 novembre et le 15 décembre, notamment contre les régimes de retraites des fonctionnaires et des agents de services publics, que le gouvernement d’Alain Juppé a fini par abandonner, tout en maintenant le reste de son plan de redressement de la Sécurité Sociale.
Vingt-quatre ans plus tard, aucune issue n’apparaît, avec un gouvernement déterminé à remplacer les 42 régimes de retraites existants par un « système universel » par points et instaurer un âge pivot à 64 ans, assorti d’un bonus-malus. Les syndicats opposés à ce projet où « tout le monde perdra » maintiennent la pression.
Jeudi, la circulation des trains devait rester « très perturbée » toute la journée avec un TGV sur deux en circulation, un Transilien sur 5 et 4 TER sur 10 ainsi qu’un Intercités sur 4.
La SNCF rappelle que « tous les trains ouverts à la réservation sur oui.sncf, jusqu’au 29 décembre inclus, sont garantis de circuler ».
A la RATP, seules les lignes automatiques 1 et 14, ainsi que la ligne Orlyval, fonctionnent normalement et quatre lignes de métro sont totalement fermées. Les RER A et B continuent de ne circuler qu’en heures de pointe. La circulation des tramways est proche de la normale.
Une manifestation de cheminots est prévue à Paris entre gare de l’Est et gare St-Lazare à la mi-journée.
Cette semaine, contrairement aux voeux d’Emmanuel Macron, aucune trêve de Noël n’est intervenue.
Blocages de bus, coupures d’électricité, raffineries à l’arrêt, déjeuners « festifs », représentation du Lac des Cygnes sur le parvis de l’Opéra de Paris par des danseuses en grève…, les syndicats ont multiplié les initiatives un peu partout en France. Ce samedi, d’autres actions sont prévues dans toute la France.
A VOIR : Les danseuses de l’Opéra Garnier ont protesté à leur manière contre la réforme des retraites
Pour aider les grévistes, plusieurs cagnottes ou chèques de solidarité ont été lancés: 250.000 euros remis mardi par le syndicat Info’Com-CGT à des salariés de la RATP après 40.000 la semaine dernière à 920 salariés du public et du privé (cheminots, postiers, électriciens-gaziers…).
Quant aux commerçants touchés par les grèves, Laurent Maillard, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée, a souligné qu’ils pouvaient demander un report du paiement de leurs prélèvements fiscaux.
Le conflit semble bien parti pour dépasser le record de 28 jours atteint en 1986/87 à la SNCF, également sans trêve de Noël, pour la défense des salaires et les conditions de travail.
Le collectif SOS Retraite, qui regroupe des professions libérales disposant de régimes autonomes, appelle à la grève le 3 janvier.
Parmi eux, quatre syndicats d’hôtesses et stewards ont suspendu leur appel après avoir obtenu des garanties de la part de l’exécutif et le syndicat des pilotes SNPL pourrait faire de même.
Autre prochain autre temps fort, le 9 janvier avec une nouvelle journée de grèves et manifestations interprofessionnelles à l’appel de la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires, de même que des organisations de jeunesse.
Laurent Pietraszewski, le « M. Retraites « du gouvernement, a prévenu: pas question de revenir sur la « suppression des régimes spéciaux ». Et il a fermé la porte à certaines revendications des syndicats CFDT et Unsa, favorables à la réforme, notamment celle de réintégrer quatre facteurs dans le compte pénibilité (postures pénibles, vibrations mécaniques, port de charges lourdes et agents chimiques).