Le canton du Valais, dominé depuis des décennies par les démocrates-chrétiens, a toujours eu la réputation d’être particulièrement conservateur.
Les crucifix restent solidement accrochés dans les établissements publics, les écoles, les tribunaux, les hôpitaux. Première représentante féminine du Valais à se faire élire au Conseil fédéral (gouvernement) en 2019, Viola Amherd a hérité du ministère de la Défense, de la Protection de la population et des Sports. Cette ancienne avocate vient d’annoncer qu’« aucune discrimination ne doit être acceptée dans l’armée », et que l’article stipulant que la transsexualité rendait inapte au service militaire allait être abrogé.
En juin dernier, Ellyot, un jeune homme de 21 ans, né fille, mais qui a officiellement changé de sexe, se présente au recrutement à Payerne dans le canton de Vaud. L’armée suisse est une armée de milice, encadrée par des militaires professionnels. Chaque engagé doit effectuer quatre mois dans une école de recrues pour une formation de base. Puis chaque année un cours de répétition de trois semaines jusqu’à 35 ans. Pompier volontaire, Ellyot réussit les tests sportifs. Il ne cache sa situation ni aux cadres de l’armée ni aux autres recrues. Seulement voilà, le manuel médical de l’armée est catégorique. Une personne transgenre est d’office déclarée inapte. Ellyot a déposé un recours.
Le jeune homme a été entendu par Viola Amherd, la nouvelle cheffe du Département fédéral (ministre) de la Défense. « Il existe aujourd’hui des règlements édictés dans le passé et qui ne sont plus adaptés à notre société. Selon moi, aucune discrimination ne doit être acceptée dans l’armée », déclare-t-elle dans La Tribune de Genève, annonçant qu’elle avait pris contact avec Philippe Rebord, le chef de l’armée suisse. « Et on a décidé de changer l’article prévoyant que la transsexualité rend inapte au service militaire », ajoute-t-elle. De son côté, Philippe Rebord confirme dans 20 minuten que « les personnes transgenres ont le droit de servir si elles remplissent les conditions ».
L’armée suisse a d’ailleurs ouvert en 2019 un bureau « Diversity Swiss Army » afin de traiter l’intégration des personnes transgenres. Cette même année, le lieutenant-colonel Christian Hug, 39 ans, est devenu Christine. Travaillant à l’état-major du chef de l’armée suisse, elle dirige également un bataillon de chars comprenant 900 hommes. Christine Hug a annoncé qu’elle préparait actuellement son opération pour changer de sexe. « Je ne savais pas comment l’armée allait réagir. Finalement, j’ai été bien acceptée, même si certaines personnes ont été surprises. J’ai surtout reçu des encouragements », confie-t-elle au site de la radio-télévision suisse (RTS).